Opio, un jeune adolescent de 13 ans, travaille dans la mine d’or de Perkoa à cinq kilomètres de son village dans le but de soutenir sa famille. Il dépense toute son énergie à remonter des mineurs qui cherchent de l’or dans un gisement à plus de 250 mètres de profondeur. Il est payé avec un sac de minerai mais celui-ci ne contient après traitement que quelques poussières d’or. Cela suffit à peine pour sa nourriture quotidienne. De plus, Opio a un projet. Pour ne plus exercer ce travail harassant, il voudrait apprendre la soudure. Pour cela il doit entrer dans un centre d’apprentissage. Mais cet objectif s’avère compliqué car d’une part Opio, déscolarisé depuis le CE1, ne sait même pas écrire son nom, et d’autre part son père est très pauvre, ne possédant que quelques poules. C’est pourquoi pour réunir la somme nécessaire au paiement des frais de scolarité, Opio décide de descendre au fond de la mine armé d’un burin et d’un marteau pour, contre l’avis de tous, chercher lui-même du minerai. Il espère ainsi avoir la chance de tomber sur un filon. Mais les accidents sont nombreux dans cette mine artisanale.

Simon Panay a suivi Opio et les orpailleurs pendant près de deux années pour pouvoir réaliser son documentaire, n’hésitant pas à descendre lui-même au fond de la mine pour suivre au plus près son sujet. Il en résulte le portrait saisissant de cet enfant têtu qui mène une vie d’adulte, forcé par les circonstances. Tout son temps est pris par le travail, tous ses espoirs se résument à trouver l’or libérateur. Et quand il descend dans la mine, pour ne pas montrer son appréhension, il chante pour dominer sa peur.

Le documentaire nous entraine dans un univers fait de récits et de superstitions car il y a des génies dans la mine qu’il faut amadouer pour trouver l’or. On découvre ici une mythologie souterraine mais aussi des rites plus prosaïques telle la conversion de l’or en argent sans oublier les marchandages et palabres qui rythment la vie en surface.

La caméra de Simon Panay capte le décor minéral de la mine, ses puits sans fond, la poussière qui se dégage du site. Quand elle frôle les personnes, elle dépeint la chaleur écrasante, la fatigue et la déception de n’avoir pu trouver plus d’or.

Quand Opio retourne dans sa famille, la caméra le suit et montre une famille qui ne fait que survivre. Pourtant, pas de misérabilisme. En suivant au plus près les faits et gestes d’Opio, la caméra nous livre les images brutes d’une existence sur laquelle il n’a que peu de prise mais qu’il cherche néanmoins à faire évoluer. C’est cette volonté qui donne à cet adolescent toute sa beauté. Le regard fier de celui qui ne veut pas se résigner.

Cette production franco-burkinabée est donc un film terrible sur ces enfants condamnés aux travaux forcés. En effet, la vie d’Opio est celle de milliers d’autres.

Laurent Schérer