Dans le film de Philippe Petit, Tant que le soleil frappe, Swann Arlaud, toujours aussi bon acteur, incarne Max, un paysagiste père de famille convaincu, mais pas forcément convaincant dans sa vie professionnelle. En effet, les chantiers se font attendre pour l’entreprise qu’il a créée avec un de ses amis. Il pense toujours que ses études vont aboutir et refuse de renoncer à ses idéaux, ce qui l’amènerait à travailler sur des projets auxquels il n’adhère pas. Mais l’entreprise bat de l’aile, et, entre espoir et déception, l’argent ne rentre pas, ce qui peut constituer une menace pour la cohésion de la famille. Pourtant Max à la foi chevillée au corps. Son dernier projet, et celui auquel il tient le plus, c’est un espace ouvert et végétalisé au cœur d’un quartier pauvre de Marseille afin de donner aux habitants un espace de respiration. Mais là, on lui fait comprendre qu’il n’y a pas d’argent pour ça, que ce n’est pas le projet qui est en cause, mais le lieu où il s’applique…

Le film montre clairement la séparation entre deux mondes. Celui des riches et celui des pauvres. En effet, on n’apprend pas les codes du monde des riches, on nait avec. Max ne pourra pas lutter. Du moins pas avec les règles que lui imposent les nantis.

Philippe Petit tourne sous le soleil de Marseille, utilisant cette lumière chère à La Provence qui donnera au film ses teintes chaudes et contrastées. Il traite ainsi de la question de la transformation des villes, de la politique des quartiers, de la gentrification, de la préservation de l’espace public, (la scène dans laquelle Max s’insurge contre la création d’une zone « VIP » dans un jardin par ailleurs privé est absolument drolatique), bref de toutes les questions qui se posent quand on s’intéresse à l’environnement urbain. Comment peut-on concilier la ville et la nature sans pour autant « construire les villes à la campagne » comme le proposait l’humoriste Alphonse Allais ?

Tant que le soleil frappe est donc un film engagé sur la politique de la ville qui s’intéresse à la lutte d’un personnage pour le maintien de ses convictions.

Laurent Schérer