Adaptation du livre éponyme de Fernando Réa, Nostalgia de Mario Martone est un film dense et mélancolique sur les souvenirs.

Felice Lasco (Pierfrancesco Favino) rentre à Naples pour voir Teresa (Aurora Quattrocchi), sa mère. C’est l’occasion pour lui de retrouver le Rione Sanita, le quartier de son enfance. Parti rejoindre son oncle au Liban pour apprendre dans sa société le métier d’entrepreneur en construction, il s’est marié et s’est installé au Caire. Il n’était donc jamais revenu voir les siens et passer du temps dans sa ville natale depuis quarante ans.

On le voit alors déambuler dans son ancien quartier, se remémorant les lieux ainsi que ses frasques avec son ami Oreste (Tomasso Ragino) à qui il n’a jamais donné de nouvelles. Pour lui rien n’a changé, ou si peu. Pourtant une chose importante est arrivée, sa mère a déménagé de leur appartement clair et spacieux pour un taudis au rez-de-chaussée de son immeuble. Et c’est Oreste qui a organisé le déménagement. Il décide alors de prendre le temps de s’occuper des affaires de sa mère et de revoir son ancien ami. Pour le retrouver, il se fait aider d’un prêtre, Don Luigi (Francesco di Leva) qui le met en garde à propos de cette recherche, craignant que cette rencontre ne fasse ressurgir de vieux démons. Mais Felice s’entête.

Portée par une mise en scène épurée et égrenée sur un rythme lent, la quête de Felice nous fait comprendre que nos souvenirs brouillent le plus souvent notre perception du présent. En effet, on a tendance à regarder seulement ce que l’on veut voir, de même que l’on tend l’oreille exclusivement à ce que l’on veut entendre. Ainsi à vouloir trop parcourir le labyrinthe de ses souvenirs, on peut finir par s’y perdre.

Laurent Schérer