Après un premier long métrage très réussi, Les enfants de la mer, Ayumu Watanabe nous enchante de nouveau avec un animé bien différent dans le traitement de ses thèmes, La chance sourit à madame Nikuko. Cette adaptation d’une nouvelle de Kanako Nishi, auteure japonaise reconnue, a été confiée au studio 4°C. À ce titre, La chance sourit à madame Nikuko est une réussite visuelle grâce au travail entre autres de Kenishi Konishi, un ancien des studios Ghibli (d’où des références dans ce film à Mon ami Totoro ) qui avait déjà œuvré sur Les enfants de la mer.

Ce récit d’apprentissage souvent comique, parfois mélodramatique met en scène Nikuko Misuji et de sa fille Kikurin. La narration, portée par le voix de la fille, relate les aventures de Nikuko, un personnage hors norme dont les amours et les déménagements désespèrent Kikurin. De la chance, Nikuko ne semble pas en avoir autant que cela malgré ce qu’annonce le titre du film. Très tôt mère célibataire et vivant au jour le jour, elle travaille dur et se laisse exploiter par ses amants qui lui prennent sans vergogne son argent. Aimant la nourriture par-dessus tout, elle ne cesse de grossir. Au début de cette histoire, elle habite dans un bateau amarré dans un petit village de pêcheurs où elle a trouvé une place de serveuse dans un restaurant. Malgré ses séparations successives, Madame Nikuko est toujours de bonne humeur et s’occupe de sa fille avec une grande tendresse.

Celle-ci est physiquement tout le contraire de sa mère : elle est plate comme une limande et ses jambes ressemblent plus à des allumettes qu’à des membres de chair et d’os. Grosse lectrice, Kikurin a du mal à s’intégrer dans sa classe, car elle refuse de choisir entre les groupes constitués. Elle est cependant intriguée alors par un garçon, Ninomiya, qui s’est mis à l’écart des autres. Mais se lier avec lui ne sera pas forcément évident.

Par petites touches, Ayumu Watanabe met en évidence les émotions de cette jeune fille qui fait l’apprentissage de la vie tout en nous dévoilant la joie de vivre de sa mère, soucieuse du bien-être de l’être que le destin lui a confié. Le film nous donne ici à voir une étape importante dans la vie de Kikurin. Un moment essentiel entre l’enfance et l’adolescence où la petite fille décidera de ne plus être ballotée au gré de la volonté de son entourage. Elle décidera ainsi d’agir selon ses propres désirs, de choisir ses relations et sa façon de vivre, ce qui ne sera pas sans provoquer des tensions.

Un portrait très touchant d’une mère et de sa fille qui met en avant des valeurs positives comme l’altruisme et le respect de la différence. Un très beau film d’animation à voir en famille et dont les nombreuses scènes de dégustation nous mettent souvent l’eau à la bouche !

Laurent Schérer