The Duke est une comédie de Roger Michell qui met en scène un personnage haut en couleur, une sorte de Robin des bois mâtiné de Scapin et d’Arsène Lupin. Inspiré de faits réels datant de 1961, « D’après une invraisemblable histoire vraie » annonce le sous-titre, le film raconte dans un décor fidèlement reconstitué le vol d’un tableau de Goya au sein de la prestigieuse National Gallery.

Kempton Bunton, incarné à l’écran par Jim Broadbant, est un chauffeur de taxi presque à la retraite qui a écrit de nombreuses pièces de théâtre jamais publiées ni jouées. Cet homme estime aussi être victime d’une injustice. En effet, il ne regarde pas la télévision publique mais doit néanmoins payer la redevance due par tous les propriétaires d’appareils de télévision. Alors qu’il a déjà été condamné pour le non-paiement de cette redevance,  il apprend que le gouvernement a racheté pour le patrimoine national un portrait du duc de Wellington peint par Goya.  La somme importante  payée par l’État anglais pour cette transaction permettrait d’exonérer de cette taxe pour une année beaucoup de retraités. Germe alors dans son esprit une idée folle. Prendre le tableau en otage et exiger la suppression de l’impôt.

Le réalisateur s’inscrit dans la droite ligne de la comédie britannique où le faible et l’exploité se dressent avec bonne humeur contre l’oppresseur. Nous n’en dirons pas plus de l’intrigue pour ne pas dévoiler les rebondissements de celle-ci qui ressemble fort à celle d’un roman de Maurice Leblanc. Le spectateur est donc captivé, tout en s’amusant des roublardises et inventions de ce truculent personnage, fier de ses convictions et de son bon droit. Son personnage ne se résume cependant pas à une figure comique car Kempton a perdu sa fille Marian toute jeune suite à un accident avec le vélo qu’il lui avait offert. Cette disparition a endeuillé toute la famille qui ne s’en est jamais remise.

C’est aussi sa capacité d’empathie à l’encontre les plus faibles et des plus désargentés qui rend son personnage éminemment sympathique. S’il ne garde pas la langue dans sa poche, ce n’est pas pour se plaindre de son sort, mais pour chercher à aider son entourage quand il estime que celui-ci en a besoin. Cependant, ses efforts ne portent pas toujours leurs fruits. De plus, il n’est pas vraiment compris par ses proches qui se sentent délaissés par ses activités extra-familiales, ce qu’expose le réalisateur quand il étoffe son récit avec la description de la famille. Nous avons la mère Dorothy (Helen Mirren) devenue acariâtre après la mort de sa fille et à qui l’on doit tout cacher, les deux fils Jackie et Kenny amateurs de bière et pas toujours très recommandables, et enfin une belle-fille que l’on pourrait qualifier de vénale. Une galerie de portraits à l’image du chef de famille qui est loin d’être parfait.

Portée par ses acteurs tous excellents, The Duke est une comédie so british à déguster avec délicatesse.

Laurent Schérer