Pas pareil et pourtant traite de la tolérance et du respect de la différence par le biais de quatre courts métrages qui ont le mérite de proposer des variations autour de cette thématique sans jamais être  moralisateurs.

Les deux premiers courts-métrage sont une transposition du conte Le vilain petit canard.

Signé par Jesús Pérez et Gerd Gockell,  Le mouton noir est un joyau en matière d’animation. Les réalisateurs ont  choisi ici de mettre en scène le processus de création en faisant agir sur une feuille la main du dessinateur qui dessine ses petits moutons. À peine esquissés ceux-ci prennent vie comme par magie et s’agitent sur l’écran. Les doigts du dessinateur peuvent alors se substituer à la mine ou au pinceau pour insuffler le mouvement dans le dessin. Un rendu époustouflant ! Quant à l’histoire assez classique dans son ensemble, elle démontre que la différence de couleurs n’empêche pas l’efficacité quand il s’agit de défendre le troupeau agressé par un vil vautour. Comme quoi la tolérance et la solidarité payent !

Le second, La corneille blanche, de Miran Miosic, reprend l’idée du mouton noir mais en inversée. Le réalisateur use ici de très beaux pastels pour nous conter une jolie histoire contre le racisme. Dans le monde des corbeaux, le noir domine mais lorsque la pollution rend l’environnement invivable, c’est bel et bien l’oiseau exclu en raison de sa différence de couleur qui sauvera les siens. De toute façon, le noir ou le blanc n’ont pas raison d’être dans un monde avant tout multicolore !

Je passerai sur le troisième, Le moineau et l’avion de papier réalisé en 3d par Christoph Englert qui me semble le moins réussi des quatre.

Le quatrième et le plus long, Le renard et l’oisille, de Frédéric et Samuel Guillaume, est une vraie réussite grâce à son visuel qui mêle animation en images de synthèse et décor naturel retravaillé. Le rendu est original avec ses personnages ayant été sculptés avant d’être numérisés. On a vraiment l’impression de faire face à de la stop motion (image par image) alors que c’est bel et bien l’outil informatique qui a été utilisé. Au-delà de l’esthétique, le thème de la différence est abordé ici avec beaucoup d’humour et de tendresse. En effet, malgré leur complicité le renard et le volatile doivent se séparer. Un seul est fait pour voler. L’amitié et la compréhension mutuelle n’est pas synonyme de fusion.

Ces quatre courts-métrages rassemblés par Les Films du Whippet constituent un magnifique programme à consommer sans modération, actuellement au cinéma.

Laurent Schérer