Premier long métrage de Vincent Maël Cardona, Les magnétiques narre l’histoire de Jérôme et de son petit frère Philippe. Au début des années 1980, tous deux habitent chez leur père garagiste qu’ils aident régulièrement. Mais leur passion n’est pas celle de la mécanique. En effet c’est l’époque de la naissance des radios « libres », ces jeunes gens sont donc plus attirés par la musique et la radio que par le vrombissement des moteurs.

Jérôme (Joseph Olivennes), l’ainé, vit deux histoires d’amour. L’une avec Marianne (Marie Colomb) sa copine qui travaille dans un salon de coiffure et qui est mère d’une petite fille, et l’autre avec sa radio pirate. Philippe (Timothée Robert) qui est aussi le narrateur du film, admire son frère et veut l’imiter en toutes choses. Il tombe alors amoureux de Marianne  tout en s’initiant également aux plaisirs radiophoniques.

Les magnétiques est tout d’abord un film rempli d’énergie. Celle qui a habité une jeunesse remplie d’espoir suite à l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 qui devait permettre de donner la liberté de créer à chacun. Ces années-là ont été celles d’une explosion culturelle en feu de paille où tout semblait permis parce que tout était possible, seul le présent comptait alors.

Philippe, dans la recherche qu’il donne au sens de sa vie, se retrouvera animateur radio à Berlin, lieu où il effectue son service militaire, sa stratégie pour se faire réformer ayant échoué. Cet échec, lié à la volonté d’imiter ses ainés servira finalement ses intérêts radiophoniques, lui apportant une expérience appréciable. Les magnétiques s’apparentera alors à un récit d’apprentissage pour Philippe, puisque c’est en sortant de « l’imitation » qu’il trouvera sa propre voie.

Enfin, Les magnétiques  nous offre une réflexion poussée sur les liens familiaux par le biais des relations entre le père et ses fils, celles des fils entre eux et de leur relation avec Marianne. En acquérant une dimension tragique, cette histoire de famille donnera au film une remarquable profondeur narrative .

Porté par une bande-son très travaillée liée à l’univers de la radio où l’on retrouve des chansons emblématiques de l’époque, Les magnétiques est un film paradoxal, entrainant et tragique, d’un primo réalisateur à suivre.

Laurent Schérer