Avec Les Olympiades Jacques Audiard nous offre une comédie légère autour des relations amoureuses. Émilie (Lucie Zhang) et Nora (Noémie Merlan) croisent ainsi aux Olympiades (Paris XIIIème) le chemin de Camille (Makita Samba).

Alors que les scénarios d’amours multiples et contrariés se ramassent à la pelle, ce qui fait la particularité de ce film est qu’il présente l’opposé de ce qu’on attend d’une relation amoureuse : en effet, au lieu de rechercher l’âme sœur, les protagonistes revendiquent haut et fort leur désir de ne pas s’engager. Le spectateur est donc amené à penser non pas « zut il a loupé le grand amour », mais au contraire « danger, il va se prendre au jeu et tomber amoureux ».

L’originalité du film tient aussi dans ses décors et son ambiance particulière. En effet nous sommes très loin des scènes bucoliques et champêtres souvent associées aux romances. Ici pas de nature : du béton, des tours et des fenêtres allumées à la nuit tombée qui laissent deviner une activité nocturne. Ces ouvertures deviennent ici des écrans de cinéma offerts à la vision de qui veut bien se donner la peine d’observer. D’ailleurs, le regard, avec l’amour, est une des thématiques de ce film. Audiard s’intéresse ici à notre regard sur nous-même mais aussi sur l’autre, que ce soit en face à face ou par écran interposé. En effet, c’est par l’intermédiaire d’un écran que Nora découvrira Amber (Jehnny Beth), la quatrième protagoniste de ce récit.

Nul besoin d’en décortiquer ici les péripéties car le film raconte avant tout comment ces jeunes gens se croisent et s’entrecroisent. Néanmoins, il faut souligner la maitrise du réalisateur par rapport à ses choix de découpages et de montage qui donnent un rythme soutenu à la narration, permettant des rebondissements inattendus qui tiennent le spectateur en haleine et renforcent l’empathie pour les personnages.

Les trois scénaristes du film (Jacques Audiard, Céline Sciamma et Léa Mysius) se sont certainement amusés à concocter cette œuvre sensible, tendre, mais aussi moderne, même si son noir et blanc nous offre paradoxalement un charme suranné, et dont l’avenir nous dira si elle sera vite oubliée ou au contraire restera atemporelle et donc indémodable.

Un film antidépresseur à découvrir en salles.

Laurent Schérer