Gaza mon amour est une très belle romance palestinienne signée Arab et Tarzan Nasser.

Issa (Salim Daw), un pêcheur âgé de 60 ans tombe amoureux d’une couturière, Siham (Hiam Abbas), veuve et mère d’une jeune fille divorcée. Son idylle va se  compliquer suite à la volonté de la sœur d’Issa de lui trouver un meilleur parti, et par la police qui cherche des ennuis a notre amoureux après qu’il a ramené du fond de l’eau une statue d’Apollon. (Un épisode dont s’était d’ailleurs emparé précédemment avec bonheur un autre réalisateur palestinien, Nicolas Wadimoff, dans L’Apollon de Gaza)

Les frères Nasser traitent avec humour et tendresse des émois amoureux d’Issa, celui-ci se comportant comme un adolescent fébrile mais obstiné alors qu’il est dans l’attente de son premier rendez-vous. Malgré certaines hésitations, c’est un personnage qui sait ce qu’il veut, revendiquant sa liberté quand il s’agit de suivre ses désirs. Et c’est quand il réussira à déclarer sa flamme auprès de Siham, après moult tergiversations, qu’ il aura accompli son destin d’homme.

Siham, quant à elle, est une femme forte qui mène de front son travail et sa vie familiale. Elle refuse de se laisser dicter sa conduite par la tradition et veut prendre sa vie en mains. En cela elle ressemble à Issa, ce qui conduira au final ces deux personnages à se rapprocher.

Même si nous avons affaire ici à une comédie romantique, les conditions de vie à Gaza transparaissent en filigrane entre les coupures d’électricité, le blocus israélien et ses répercussions telles que  la limitation de la zone de pêche, ou l’impunité de la police gazaouie. Les réalisateurs portent également un regard critique, par l’intermédiaire de la description de la vie de leurs personnages, sur les politiques des différents dirigeants palestiniens. En effet il semble que, depuis des décennies, le quotidien des habitants n’a pas été amélioré malgré les discours ronflants vus à la  télévision. L’écran, presque toujours allumé quand il est alimenté en électricité, sert à concrétiser les rêves des différents personnages. Films de romance à l’eau de rose pour les uns, images d’actualité pour d’autres, scènes de guerre pour les soldats, seul Issa l’éteint car il ne souhaite pas en rester au stade du fantasme mais de passer à l’action.

Un film touchant et délicat, sans prétention, sinon peut-être celle réussie de nous faire partager quelques moments de la vie des habitants de Gaza par le truchement d’une belle histoire d’amour.

Laurent Schérer