200 mètres est la distance qui sépare Salwa (Lana Zreik), de Mustafa (Ali Suliman). Mais ces 200 mètres sont entravés par le « mur de la honte » qui fait que le couple mène une vie compliquée. En effet,  l’homme vit chez sa mère en Cisjordanie alors que sa femme réside en Israël avec ses trois enfants (deux filles et un fils). C’est l’accident du fils, Majd, renversé par une voiture, qui est à l’origine du road movie que retrace le scénario. Refoulé au Check point et ne pouvant se rendre de ce fait directement à l’hôpital où se retrouve son fils à cause de papiers d’identité périmés, Mustapha doit monter dans un taxi clandestin pour traverser la frontière. Ce qui entraine alors une cascade d’incidents.

Pour le scénario de son premier long métrage, 200 mètres, le réalisateur palestinien Ameen Nayfeh s’est largement inspiré de sa propre vie et décrit dans cette fiction le sort d’êtres humains ballotés au gré de la politique sécuritaire de l’État d’Israël. Mais loin d’être manichéen, il offre ici un tableau nuancé de la vie des habitants de cette région. En effet, si les tracasseries quotidiennes sont présentées comme étant majoritairement le fait de la politique de l’état hébreu, Salwa rappelle à Mustapha que son obstination à ne pas demander la nationalité israélienne leur complique sacrément l’existence. Par ailleurs, certains palestiniens profitent du mur pour exercer des trafics en tout genre afin d’arrondir leur fin de mois.

Le spectateur se retrouve donc en absurdie, au milieu d’une histoire tendue, espérant toujours un heureux dénouement, mais redoutant le pire à venir. Parallèlement, et grâce à l’ajout de personnages secondaires bien caractérisés, le réalisateur nous donne, entre l’enthousiasme des fans du footballeur égyptien Mo Saleh et les provocations récurrentes des colons israéliens, des clefs de compréhension de la vie en Cisjordanie. Ce film finit même par ressembler à un film d’espionnage dont les protagonistes ne seraient que de simples citoyens.

Porté par un couple d’acteurs qui avaient déjà joué ensemble dans Les citronniers de Eran Riklis,  prix du public à la Mostra de Venise 2020, ce film nous décrit de l’intérieur le mal-être d’une population condamnée à vivre en permanence dans une atmosphère anxiogène.

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Laurent Schérer