Manuel est un jeune homme dont la vie pourrait être heureuse. Élevé dans une famille argentine bourgeoise de quatre enfants, il a un petit ami et fait des études ambitieuses.
Parti étudier à la capitale après un coming-out que l’on devine problématique, Manuel retourne en visite au foyer familial à l’occasion de l’anniversaire du mariage de ses parents après plusieurs années d’absence. Il doit dans un premier temps à la préférence affichée de son père pour son frère Luisito à qui tout réussit. Alors que son couple se sépare après le départ de Maxime au Danemark, il finit par se heurter à un malaise au sein de sa famille : on lui cache quelque chose. C’est là l’origine du titre du film de Nicolás Teté Des secrets dans le placard.
Ce film a deux intrigues, l’une complétant l’autre. La première concerne la revendication par Manuel de son droit à choisir ses préférences sexuelles sans qu’il soit pour cela rejeté, la seconde est plus générale et met en jeu des relations intra familiales par le biais de secrets de familles qui ne sont pas seulement liés au personnage principal. Le spectateur comprend vite que l’homosexualité de Manuel n’est pas forcement l’unique sujet. Des secrets dans le placard est surtout l’histoire d’une famille, une histoire très touchante, au sein de laquelle un des enfants est gay. Le mal-être de Manuel, lié à sa non-reconnaissance, n’est alors pas forcément dû à son homosexualité, même si celle-ci joue un grand rôle.
Le cinéaste analyse ici avec tendresse et humour les relations de Manuel avec le reste de sa famille, chacun des membres développant une personnalité propre. C’est ainsi que Nicolás Teté arrive tout au long du film à faire ressentir l’émotion, aidé en cela par le très bon jeu des principaux acteurs, et en particulier Facundo Gambandé (Manuel), Antonella Ferrari (Clari, la sœur) et María Fernanda Callejón (Clara, La mère).
Ce long-métrage est avant tout une comédie, les moments de détente sont nombreux, et l’on sent une complicité joyeuse entre Manuel et sa sœur. Les secrets de famille seront ainsi peu à peu dévoilés et la communauté familiale parviendra certainement à resserrer des liens qui, s’ils étaient à un moment distendus, n’avaient jamais été rompus.
Une comédie, certes « sérieuse » mais qui fera passer au spectateur un bon moment de cinéma.
Laurent Schérer
