Également réalisateur de ce biopic, l’éblouissant Andrea Adriatico incarne ici avec plein de fougue et de vie, Mario Mieli, un artiste essentiel qui fourmilla d’une activité intellectuelle et militante qui semblait ne devoir jamais s’arrêter. Courant de Milan à Londres, avant de se retrouver à Berlin, Mario Mieli cristallise dans les années 1970 la revendication homosexuelle à l’époque ou aimer le même sexe était encore considérée comme une maladie psychiatrique (il fut d’ailleurs interné par ses parents pour ce motif). Autant par ses écrits que par sa pratique théâtrale, Mario Mieli fut toujours au premier rang pour essayer de changer la vision des masses sur sa communauté tout en dénonçant l’homophobie.

Le biopic présente sur un même plan les amours et les combats d’un homme hors du commun, tant on a l’impression que tout cela ne faisait qu’un chez Mieli. Chaque rencontre est pour lui prétexte à discussion, revendication, provocation… et plus si affinité.

Allergique à la norme, Mieli quittera Fuori !, le mouvement qu’il avait contribué à fonder lorsqu’il considère que celui-ci n’est plus assez transgressif et révolutionnaire. Revendiquant en permanence une liberté totale, dans sa vie personnelle et dans ses pratiques culturelles, Mieli se suicidera à l’âge de trente ans, ne trouvant pas sa place dans une société italienne conservatrice qui d’après ses propres termes « traumatise et édu-castre ».

Le film lui rend un hommage appuyé, trop peut-être, diront certains car ce long-métrage élude certaines prises de position parfois discutables du personnage. Décrivant l’existence d’ une sorte d’étoile filante dans le ciel italien, tant par l’intensité que la malheureuse brièveté de la vie de Mario Mieli, ce biopic ravive avec force le souvenir de ce personnage hors du commun.

Un film passionnant.

Laurent Schérer