Voir le film sur E-cinema.com : https://www.e-cinema.com/film/transpecos

Le désert. Une satanée frontière et trois flics. Entre engueulades et parties de baseball improvisées, nos gardes-frontières s’ennuient, que ce soient l’expérimenté Flores qui fait office de sage dans la bande, son collègue Hobbs à la gâchette facile ou bien encore Davis le petit nouveau de l'équipe. De temps en temps une voiture passe et semble redonner un peu de sens à l’existence des trois hommes. Durant les premières minutes, on a l’impression d’une comédie un peu absurde, nous faisant réfléchir sur le bien-fondé de cette invention humaine qu’est la frontière. Et puis, tout tourne mal. Des kilos de drogue sont trouvés dans le coffre d’une voiture. Les masques vont alors tomber, il y a en effet un flic corrompu parmi les gardes-frontières. À partir de là, la mort ne semble jamais vouloir lâcher aucun des trois personnages. Qu’il agisse pour le bien des autres ou pour leur propre compte, ils semblent promis à un destin funeste.

Transpecos est un film qui ne cherche pas forcément le réalisme dans sa représentation du trafic de drogue. L’influence principale du réalisateur et du scénariste est en effet plutôt à chercher du côté de la tragédie grecque dont on retrouve ici le fonctionnement.  On remarque ainsi que Transpecos  se passe dans un seul lieu, le désert où errent les personnages. De la même façon, l’unité de temps est respectée avec un récit se déroulant en une journée. Enfin, les actions de nos héros semblent déterminées par des forces supérieures. Le cartel et son parrain ne seront jamais montrés à l’écran, c’est une force invisible qui peut agir à n’importe quel moment comme le montre l’attaque finale. Le réalisateur veut ici dépeindre l’existence terrible des habitants à la frontière entre le Mexique et les USA dont le destin semble figé. Ils n'ont pas le choix : par obligation ils deviennent les complices des cartels ou bien ils finissent en victimes innocentes.

Pour autant, Transpecos n’est pas un film désespéré. Si dans le théâtre classique, nous avons le Deus ex Machina qui voit l’intervention d’un dieu sur la scène pour sauver la situation du héros, dans le film, c’est la solidarité humaine des deux côtés de la frontière envers et contre tous qui s’avérera un rempart contre les cartels et permettra à l’un des personnages de survivre.

Avec son magnifique Cinémascope qui met en valeur ses paysages désertiques et son interprétation impeccable, cette œuvre formaliste qui privilégie les questionnements moraux aux armes à feu mérite vraiment d’être découverte. À voir sur E-cinema.com.

Mad Will