Fille, petite-fille et arrière-petite-fille de kiosquier, diplômée des Arts Décoratifs de Strasbourg, la plasticienne Alexandra Pianelli nous fait découvrir avec son documentaire Le Kiosque, la vie de ces vendeurs de journaux parisiens, dont l’espace vital se restreint à un mètre carré cerné par des murailles de journaux. La réalisatrice avec beaucoup d’humour nous invite à partager la vie de ces forçats de la presse, présentant d’une part les clients, et d’autre part les angoisses des tenanciers des kiosques qui subissent de plein fouet la désaffection générale pour la presse écrite, dont la vente constitue l’essentiel de leurs revenus.

Devenue elle-même  kiosquière pour survenir à ses besoins, la réalisatrice a fait d’un job alimentaire un long-métrage dont la plupart des plans ont été captés par le biais de son téléphone. Influencée par son cursus de plasticienne, Alexandra Pianelli illustre aussi son propos par des croquis, des aquarelles ou des constructions en carton explicatives judicieusement positionnées.

Dévoilant l’envers du décor, Alexandra Pianelli définit son film comme « un huis clos tourné au téléphone portable depuis la caisse ». Didactique quand il s’agit de mettre en perspective la situation financière des kiosquiers et de la presse écrite en général, Le Kiosque  est également un film réjouissant et drôle quand la réalisatrice s’attache à la présentation des clients, qui le plus souvent jouent le jeu.

Fruit de l’alliance d’une prise de vue contrainte par des moyens techniques minimalistes et d’un impressionnant travail de montage, Le kiosque est le parfait moyen d’intéresser le spectateur à ces personnes qui, souvent transparentes, nous offrent pourtant bien des services.

Laurent Schérer