Après les excellents Au poste ! et Le daim, Quentin Dupieux nous offre avec Mandibules un film clivant. Énervant pour certains, réjouissants pour d’autres, son huitième long métrage ne laisse personne indifférent.

Pour ma part, je  qualifierai cette œuvre de comique avant tout, même si le propos est plus profond qu’il apparaît au premier abord. Dupieux réussit ici en effet un exercice difficile en mettant la bêtise au service de l’intelligence.

Pour ce faire, les personnages principaux, deux bienheureux profondément idiots incarnés par David Marsais et Grégoire Ludig auprès desquels les pieds nickelés passeraient pour des personnages rusés et malins, vont se trouver les grands gagnants d’une société dans laquelle l’esprit d’entreprise est primordiale. Soit parce que ces personnages ont mieux compris que d’autres le sens de la vie, soit parce que la société actuelle fait place au triomphe de la bêtise. Dupieux ne nous donne pas de leçon de morale, ni de leçon tout court, de toute façon aucun des personnages ne semblant être assez pédagogue pour cela.

Pour apprécier le film il faut admettre un certain nombre de postulats assez étranges. Il existe une  mouche de la taille d’un chien moyen, que nos deux lascars, Jean-Gab et Manu, après l’avoir découvert dans une voiture volée, appelleront Dominique et s’emploieront à dresser. On admirera au passage la qualité de la marionnette articulée loin des effets spéciaux numériques actuels et qui donne une touche vintage pas désagréable au film.  Dans l’univers de Mandibules, il semble également possible  de remorquer une voiture en pédalant sur un mini vélo. Mais une fois cela acté, toutes ces actions un brin loufoques s’inscrivent dans une logique scénaristique cohérente. Ce qui fait qu’il n’y a pas de temps mort, et qu’on peut se laisser entrainer sans résistance par l’effet comique. Et ce comique de situation fonctionne parfaitement du début à la fin du film pour  plus grand plaisir du spectateur. Un film idéal pour un retour au cinéma !

Laurent Schérer