Remarquable par son sujet, le film documentaire La première marche est de plus attrayant car il retrace le parcours de néo-militants et leur apprentissage de la gestion de la communication. Les réalisateurs Hakim Atoui et Baptiste Etchegaray vont ainsi suivre pendant six mois Youssef, Yanis, Annabelle et Luca, quatre étudiants d’une vingtaine d’années qui souhaitent mener le 9 juin 2019, la première marche des fiertés en banlieue.

Clairement aux côtés de leurs jeunes protagonistes, les deux réalisateurs savent néanmoins prendre de la distance avec leur sujet par le biais de l’humour. Surtout, ils n’éludent jamais les doutes de nos étudiants et leur difficile apprentissage de la chose publique.  Un film artisanal au sens premier du terme qui, en filmant l’engagement de ces jeunes gens au plus près, les rend touchants tout en offrant un espoir à une génération trop souvent mal considérée.

En donnant la parole à des personnes vivant, étudiant ou travaillant dans le 93, le film échappe d’une part aux clichés, et d’autre part aux thématiques souvent traitées (drogue, rapport avec la police, insécurité dans son ensemble) en banlieue. Le problème lié à l’homosexualité révèle alors d’autres problèmes que ceux le plus souvent cités mais qui sont à chercher du côté de l’ostracisation de ces mêmes banlieues et de leurs habitants. Les militants homosexuels y subissent en effet une double discrimination, celle de leur préférence sexuelle et celle de leur lieu de résidence.

Redonnant leur dignité tant aux homosexuel.le.s qu’aux banlieusard.e.s, La première marche est un document passionnant et entrainant qui va bien au-delà de la défense de la cause LGBT+

Un film à découvrir en salles dès le 14 octobre.

Laurent Schérer