Ibrahim dresse le portrait d’une famille par le biais de ses deux membres : un père Ahmed (joué par le réalisateur) faisant fonction d’écailler dans un restaurant de l’avenue de l’Opéra et son fils (Abdel Bendaher) préparant un CAP de cuisine en lycée professionnel. Quoiqu’aimant son rejeton, Ahmed ne sait pas le montrer, ce qui limite forcément la communication dans la famille. De plus, Ahmed subit l’influence de l’un de ses camarades de classe, Achille (Rabah Naït Oufella) qui l’initie à la petite délinquance. Tout cela finit par mal tourner, amenant les relations familiales à se tendre.

Le film considère à parts égales le père et le fils, partis chacun dans leur rêve, footballeur pour Ibrahim, serveur en salle pour Ahmed, chacun cherchant sa voie, chacun essayant maladroitement de recoller les morceaux. Ainsi, le cinéaste parvient à nous offrir deux histoires touchantes qui s’entrecroisent sans que le spectateur soit obligé de prendre parti pour l’un ou l’autre des protagonistes, pouvant alternativement s’identifier aux deux personnages.

Ibrahim exprime la difficulté qu’ont les hommes à se dire « Je t’aime ». Ici des histoires anciennes, un drame familial, ou récentes, les écarts de conduite d’Ibrahim, viennent perturber la relation du père et de son fils. C’est à travers des gestes simples, un croisement de regard capté par la caméra, que le réalisateur nous fait part de l’amour que, malgré les épreuves, se portent les protagonistes de l’histoire. De plus, Samir Guesmi parvient à ne pas tirer la couverture à lui, ce qui est souvent le défaut des acteurs qui passent à la réalisation.  Il réussit au contraire une formidable direction d’acteur, tant pour lui-même que pour ses pairs.

Un très beau film à voir en salles.

Laurent Schérer