Gu Xi (Lu Celeste) est une jeune fille qui vit au Nord-Est de la Chine, sous la protection de son frère Gu Liang (Wu Xiaoliang). Sa relation avec son ainé est tellement fusionnelle qu’elle ne supporte pas qu’il ait une vie en dehors de leur cercle familial.

Au même moment se développe une histoire mafieuse dans laquelle les chefs des clans se répartissent les revenus du racket des pêcheurs. Une marée noire viendra alors perturber l’équilibre de la région, privant les travailleurs de la mer de leur ressource, et servira de prétexte au développement de l’intrigue.

L’analyse des relations entre riches et pauvres et la mise en lumière d’une accélération des changements de la société donnent à Grand frère un intérêt certain, surtout quand le réalisateur Liang Ming met le doigt sur les dysfonctionnements de la société chinoise sans en avoir l’air.

Pour autant, c’est bel et bien la relation entre le frère et la sœur qui est au cœur du film. En effet, le réalisateur a comme parti pris de relater les évènements presque exclusivement par les yeux de Gu Xi, qui n’est pas toujours au cœur de l’action, ce qui amène parfois à une incompréhension du spectateur sur les faits qui se déroulent à l’écran, et donne l’impression d’un scénario par instants mal maîtrisé. Mais cela ne doit pas nous empêcher d’apprécier ce long-métrage, si l’on accepte de ne pas tout comprendre. Cette part d’ombre n’est-elle pas notre quotidien, car on ne sait jamais tout sur tout ?

Par contre, en allongeant avec doigté certains plans, le cinéaste nous faire part au mieux des sentiments intérieurs de la jeune fille. Nous pouvons ainsi découvrir au plus près ses émotions, s’expliquer son évolution, ses contradictions, et suivre son développement.

Au final, un très beau premier film avec une esthétique soignée et un jeu d’acteur qui fait admirablement ressortir les sentiments des protagonistes.

Laurent Schérer