Ema est un des meilleurs longs-métrages de cette année. Un film dans lequel la danse vous emporte dans un rythme effréné, amenant le spectateur dans une quasi-transe. Mais il serait réducteur d’ assimiler Ema à un simple métrage sur le balancement des corps alors que c’est une fiction qui interroge sur la sexualité, la parentalité, la famille et la musique. La danse n’est pas son sujet, elle est son rythme. Ema est en effet une œuvre habitée dans laquelle le spectateur a conscience au plus profond de lui de ce que le personnage ressent.

Ema (Mariana di Girolamo) est une héroïne solaire, une jeune femme brûlante de vie et d’amour. Elle forme un couple avec Gaston, (Gael Garcia Bernal), un chorégraphe renommé dans la troupe duquel elle danse.  Tous deux ont décidé d’adopter un petit garçon, Polo.

L’histoire devient alors complexe, agencée comme un thriller familial, dont l’origine est cette adoption qui s’avère malheureuse. Si l’on se perd un peu quelquefois dans ce récit, emporté par le rythme des pas d’Ema, c’est pour mieux finalement retomber sur ses pieds comme peut l’être une chorégraphie agencée au millimètre.

Ema est imprévisible. Parfois danseuse, parfois pyromane, toujours manipulatrice, elle mène sa vie et son monde comme elle l’entend, sans s’en laisser compter. Libertaire absolue, elle brille, elle flambe puis s’enflamme. Personnage dérangeant, certes, mais empli d’une énergie folle qui lui permet de se lancer sans retenue dans tout ce qu’elle entreprend. Alors ne boudons pas notre plaisir et savourons sans réserve un film dont la brillante mise en scène n’a d’égal que la magnifique interprétation de ses acteurs. Pablo Larrain (No, Neruda, Jackie) signe ici son meilleur long-métrage.

Laurent Schérer