Trois handicapés hongrois (Szabolcs Thuróczy, Ádám Fekete & Zoltán Fenyvesi) font équipe pour servir d’agents de main insoupçonnables dans des règlements de compte mafieux. Grâce à l’argent qu’ils tirent rapidement de cette activité, ils espèrent se payer les opérations ou les équipements qui amélioreront leur confort de vie.

Les âmes sensibles, que l’ultraviolence rebute, s’abstiendront raisonnablement. Aux plus accrochées en revanche, Roues libres réservera de bonnes surprises, de son début musclé à son dénouement inattendu. Quand la facilité aurait consisté à filmer les trois protagonistes de manière à susciter d’emblée notre compassion, Attila Till choisit un chemin plus âpre, en dessinant des personnages impolis, toujours à rebrousse-poil, pas immédiatement aimables, préférant ainsi l’authentique au consensuel.. En effet, le film a le grand mérite de traiter du handicap de la façon la moins mièvre qui soit. Loin de les présenter comme de pauvres petites victimes, il les dépeint au contraire en parangons de virilité, capables de nous livrer une véritable leçon de dépassement de soi. Plus fort encore, il réussit à faire du handicap l’atout majeur de son scénario : la nécessité qu’ont ses personnages de redoubler d’ingéniosité pour s’y adapter renouvelle complètement les situations attendues du film de gangsters, pour notre plus grand plaisir de spectateur. 

F.L.