Alors que la multinationale new-yorkaise qui l’emploie l’a envoyé à la recherche du PDG reclus dans une mystérieuse clinique suisse, Lockhart (Dane DeHaan) se casse la jambe. Immobilisé jusqu’à nouvel ordre, il est contraint à une cure de repos qui le coupe de son quotidien de consultant carnassier. Cela lui donne le temps d’observer les conséquences d’un système qui promet une optimisation de la vie humaine tout en détruisant souterrainement notre élan vital.

Auteur du mythique Pirates des Caraïbes et de l’excellent animé satirique Rango, Gore Verbinsky, sans doute coupable aux yeux d’une certaine critique d’être trop acoquiné avec la grosse machine hollywoodienne, est injustement méprisé par celle-ci. Pourtant, son dernier film est tout bonnement éblouissant, atteignant dans la mise en scène des plus grands cauchemars de l’esprit humain le génie synthétique d’un Shining ou, plus récemment, d’un Shutter island. En effet, A cure for life réussit parfaitement ce pour quoi le cinéma est le medium idéal : montrer l’effroi de l’homme qui n’arrive plus à démêler dans sa perception du monde ce qui relève de la clairvoyance d’un esprit plus perspicace que la moyenne de ce qui est plutôt la projection paranoïaque d’un esprit délirant.

En filigrane, Verbinsky livre également une vision particulièrement pessimiste de notre société qui, non contente de son état de pourrissement avancé, est assez imbécile pour chercher son salut dans des remèdes aussi nocifs que le mal (suivez mon regard). Enfin, pour ne rien gâcher, le réalisateur amateur de décors paradisiaques situe son thriller psychologique dans une clinique isolée au cœur du somptueux écrin des Alpes suisses, support de nombreuses images éblouissantes.

Florine Lebris