Avec son dernier film, Midnight traveler, Hassan Fazili nous fait découvrir de l’intérieur son périple de réfugié afghan cherchant à atteindre la terre promise européenne. Ce réalisateur a en effet filmé avec trois téléphones son odyssée et celle de sa famille, depuis le départ de son pays où sa tête a été mise à prix, jusqu’à son arrivée en Hongrie dans l’espace Schengen.

Déjà une première fois réfugié au Tadjikistan voisin mais expulsé vers l’Afghanistan, le couple de cinéastes Hassan et Fatima accompagnés par leurs deux filles Nargis et Zahra, font cette fois le choix de partir vers l’Europe par l’Iran et la Turquie.

Ce documentaire est un témoignage éloquent de toutes les tracasseries, brimades, agressions en tout genre, que doivent subir les réfugiés contraints de quitter leur pays d’origine. Ce film montre encore une fois, au mieux la désinvolture, mais le plus souvent la xénophobie et le racisme avec lequel sont traités les personnes qui cherchent refuge auprès d’un meilleur régime.

Par le biais des images filmées par le réalisateur pendant 3 ans, et grâce au travail remarquable effectué par la monteuse Émilie Mahdivan, on voit l’espoir se transformer en résignation, les jeux en ennui, et la joie en larmes. On se demande alors de quelle éducation pourront profiter ces enfants sans cesse ballottées de refuges en camps et autres zones de transit, au gré des frontières et des politiques des pays « accueillants ». Bien sûr, tout n’est pas noir et la famille croise aussi sur sa route des personnes et des organisations qui leur apportent leur aide. Mais que vaut l’aide d’un jour face à trois années de vie perdue ?

Après la projection de ce film poignant, le spectateur ne peut-être que révolté par ce que l’on fait subir aux réfugiés qui vivent au jour le jour l’absurdité des politiques migratoires contemporaines d’Europe et d’ailleurs. Nous espérons tout de même des jours meilleurs pour la famille Fazili dans la ville de Berlin où elle réside actuellement après l’obtention d’un visa Schengen.

Laurent Schérer