Long-métrage signé par [[Personne:268262 Ubaydah Abu-Usayd]] et [[Personne:2484 Waheed Khan]], Soumaya raconte l’histoire d’une femme musulmane ([[Personne:26976 Soraya Hachoumi]]) qui travaille depuis quinze ans dans une entreprise chargée de la sécurité dans un aéroport. Du jour au lendemain, elle est mise à pied sans réelle explication.

Soumaya est une fiction qui, comme on dit, « s’inspire de faits réels ». Au moment où l’on entend des reportages sur l’ostracisation des policiers musulmans suite à l’attentat de la préfecture de Paris, ce film militant s’avère nécessaire. Soyons francs, ce long-métrage souffre d’un évident manque de moyens et son scénario  est loin d’être parfait avec des scènes laissées en suspens dont on se demande parfois l’utilité sans compter que les dialogues auraient pu parfois être mieux écrits, (en particulier la scène du prétoire). Néanmoins, ce film n’en est pas moins un témoignage nécessaire sur la discrimination au travail des musulmans. Cette situation prouve en effet que les lois émanant de l’état d’urgence sont liberticides.

Je vous invite donc fortement à aller voir ce long métrage dans les trop rares cinémas qui le proposent car celui-ci nous ouvre l’esprit sur ce dysfonctionnement de notre société qui sous prétexte de « sécurité » met à distance une population, traitée par certains comme lépreuse. D’autant plus qu’il n’est pas un film monolithique, de propagande, il n’y a pas les « bons musulmans » contre les « mauvais fachos », il offre au contraire la vision d’un monde complexe où ceux qui appliquent simplement les préceptes de leur religion dans la sphère privée, ou en tout cas en dehors de leur lieu de travail, sont ostracisés. Même si l’on pourrait qualifier cette œuvre de « film à thèse », celle-ci est traitée avec équité et équilibre avec des  points de vues multiples présentés assez adroitement.

À ce jour où les études sur le djihadisme et la radicalisation sont nombreuses, peu de productions traitent de cette mise à l’écart des autres musulmans, ceux qui veulent simplement pratiquer tranquillement selon leur foi et qui souhaiteraient que la société dans laquelle ils vivent soit aussi faite pour eux.

L.S.