Rares sont les films qui s’attardent sur plus de quatre personnages. Sieranevada a la spécificité de ‘’mettre en cène’’ une famille élargie, en donnant à chacun une place à peu près égale. On y assiste aux tribulations et turpitudes des différents membres de la famille, du trentenaire complotiste à la septuagénaire déshonorée. La caméra observe tout à hauteur d’homme, comme si elle était un énième convive, ou bien l’esprit du mort bientôt sommé de quitter définitivement les vivants. A travers la diversité des personnages qu’il met en scène, Cristi Puiu donne à voir la constante confrontation d’une pluralité de points de vue. Face à la complexité des rapports humains et du monde contemporain, chacun cherche à y voir plus clair en tentant de distinguer la vérité du mensonge, qu’il s’agisse des attentats du 11 septembre, de l’époque communiste ou de la fidélité d’un mari. Toutefois, les opinions ayant leur inertie, le réalisateur montre surtout comment chacun s’accroche à la petite fiction qu’il s’est construite.

F.L.