Curieux film que ce Noël et sa mère dans lequel le réalisateur Arthur Dreyfus explore par le biais d’une mise en scène théâtralisée la relation mère fils entre Noël Herpe et sa mère Michelle.

Soyons clairs, on n’attendait pas Noël Herpe dans un tel exercice. Connu entre autres pour sa biographie référence d’Éric Rohmer, cet enseignant chercheur spécialisé dans le cinéma était avant tout apparu dans le jeu théâtral pour des rôles écrits pour d’autres.

Sa présence sur un plateau aux côtés de sa mère dans une sorte de psychanalyse à cœur ouvert pique ici notre curiosité. Pour réussir cette mise à nu des relations familiales, le réalisateur interviewe Noël et Michelle puis réunit les deux protagonistes pour qu’ils aient connaissance des dits de l’un et de l’autre. De cette confrontation ne nait cependant pas la vérité, chacun campant sur ses positions quant à ses propres souvenirs, leur reconstruction et leur interprétation. Néanmoins ce rapprochement permet au spectateur de comprendre le cheminement des personnages.

On croit alors comprendre comment s’est forgé la personnalité dudit Noël, et si le réalisateur n’a pas la prétention de prendre la place d’un psychanalyste, le spectateur est tout de même frappé par ce qui ressort comme des évidences à l’écoute de la description de la vie familiale. Pour ne prendre qu’un exemple, on analyse mieux l’appétence assumée et publique de Noël pour les collants, expliquant lui même qu’il allait dès son plus jeune âge fouiller dans la chambre de sa mère à leur recherche, pour en quelque sorte, fusionner avec elle.

Mais par-delà les anecdotes parfois drôles et souvent intimes, ce qui frappe dans le film est la sincérité et la tendresse du couple. Nous avons d’un côté un fils aimant et fusionnel, bien que très cérébral, qui recherche dans son enfance et la relation avec sa mère les causes et les conséquences de situations présentes. Et de l’autre, une mère sur la défensive, cherchant à prouver que, malgré les reproches de son fils, elle a été un bon parent, agissant au mieux pour les intérêts de son enfant.

Alors que le propos aurait pu être impudique voir exhibitionniste, le réalisateur a su au contraire nous livrer un film intimiste où l’on ressent à la fin une certaine sensation d’apaisement.

Percutant dans sa forme grâce aux allers-retours entre les deux personnages et la présence d’images et photos d’archives permettant de ressusciter le père absent, ce film touchant dans son propos est une pièce originale, un intéressant bijou cinématographique.

 

Laurent Schérer