Le documentaire Mon nom est Clitoris consiste en l’interview de plusieurs jeunes femmes, qui racontent devant la caméra à des réalisatrices aussi jeunes qu’elles, quand et comment elles ont pris conscience de la présence dans leur corps de leur clitoris, cet organe de la jouissance féminine. Sans tabou, le film démonte les clichés que peuvent véhiculer les discours machistes sur la sexualité féminine, et permet aux femmes de se considérer « normales » quand elles utilisent un organe que la nature leur a attribué.

Par le biais de ce film féministe et militant, les réalisatrices Lisa Billuart Monet et Daphné Leblond cherchent à lever la censure, ou au mieux la méconnaissance, qui entoure cet organe et d’une façon plus générale le plaisir féminin auquel il est lié. Elles s’interrogent tout autant sur un vocabulaire imposé par une norme masculine (que signifie « préliminaires » ?) que sur l’ignorance historique de l’anatomie des femmes qui persiste encore aujourd’hui.

Pour elles, cacher le clitoris, c’est nier l’existence d’une sexualité féminine.

Filmé plus sous la forme d’un échange de paroles que dans le cadre formel de l’interview, les discussions ont lieu dans la chambre des questionnées, laissant apparaître les réalisatrices à l’image. Cela permet d’une part de renforcer la valeur des témoignages, mais aussi de leur donner un ton plus personnel, ce cadre gommant l’effet « expert » que peuvent prendre parfois certaines interviews. Les personnes interrogées n’apparaissent pas alors comme représentantes d’une cause mais comme l’échantillonnage d’une partie majoritaire de la population, celles des femmes, qui est en droit de revendiquer un espace entre la prude et la pute.

Laurent Schérer