Écrit par des primo-réalisateurs (William James et Adolfo J. Kolmerer) et porté par des acteurs presque totalement inconnus, Snowflake est un concentré de  cinéma indépendant ultra dynamique et engagé qui navigue en dehors des clous.

Ce qui fait que le film fonctionne très bien, c’est le juste équilibre que les réalisateurs ont su trouver entre humour, scènes sanglantes et dialogues ciselés. De plus le film est articulé par un scénario très logique malgré les actions complètement loufoques et inattendues vues à l’écran.

Eliana (Xenia Georgia Assenza) est une jeune fille dont les parents ont été tués et qui veut se venger de leurs assassins Tan (Erkan Acar) et Javid (Reza Brojerdi) dont les parents ont eux-mêmes péri dans un incendie provoqué par un sinistre personnage, Winter (Gedeon Burkhard), qui se dévoilera au fur et à mesure du film dans une interview. Par un procédé d’écriture inclusive, le scénariste Arend Remmers (Alexander Schubert) s’invite alors dans le film, les actions se déroulant au fur et à mesure de sa rédaction, ce qui n’est pas sans provoquer l’inquiétude et la perplexité de Tan et Javid, tombé par hasard sur une version du scénario. Cette dimension méta du film permet d’une part un effet comique dont le scénariste n’abuse pas, et d’autre part d’entamer la réflexion sur le destin, le libre arbitre et autres thèmes multiples : en effet, Snowflake est un film sur la vengeance, le destin, la puissance de la parole, en clair sur ce qui nous détermine. Ainsi, est-ce nos pulsions, nos croyances ou bien notre raison et nos valeurs qui dictent nos actes ? Est-on capable de les assumer et finalement sommes-nous capables de pardonner ?

Comme tout film explorateur de nos pulsions refoulées, qui peuvent ici s’exprimer dans un monde de non-droit. Ce long-métrage ne se dérobe pas aux images très violentes qui accompagnent les pires instincts de l’être humain. Comme le dit l’un des personnages (et visiblement le plus abject jusqu’au bout) « C’est dans la nature de l’homme de s’entretuer, celui qui en doute mourra le premier ». Mais heureusement, Snowflake montrera qu’on peut douter la véracité et de l’universalité de cette assertion. Si le film pose un état des lieux très déprimant de l’état du monde, il nous montre que des pistes de solutions sont à explorer, le scénario préalablement écrit pouvant changer à tout moment et puis qu’au final l’homme est capable de résilience et de rédemption.

Bref, malgré sa violence tarentinesque et quelques longueurs, le film est à voir,  car il a quelque chose à nous dire et le fait avec humour dans les scènes les plus sanglantes. De plus, Snowflake développe une certaine féérie proche du conte. En effet, entre un Dieu réincarné et un ange en pleine possession de ses ailes nous sommes plus du côté du merveilleux que dans « l’histoire vraie » comme s’en revendique le scénario au tout début du film.

L.S.