Les gazaouis ont besoin de croire en autre chose qu’à la guerre. Se saisissant du prétexte de la découverte par un pêcheur d’une statue d’Apollon, le réalisateur [[Personne:63946 Nicolas Wadimoff]] ([[Film:43479 L’accord]], [[Film:68057 Aisheen]]) entreprend de nous donner à voir la naissance d’un mythe fondateur pour une nouvelle Gaza.

Filmée comme on l’a rarement vue, la ville devient un terrain d’enquête autour de cette statue du dieu grec, presqu’aussitôt disparue qu’elle est apparue, et dont l’authenticité interroge un grand nombre. Le réalisateur va alors questionner tout à tour, le pêcheur qui l’a découverte, le bijoutier qui l’a recelée, de hautes sommités administratives et religieuses ainsi que des experts et faussaires en tout genre. Chacun y va de sa petite histoire et de son interprétation.

Ce qui ressort de cette enquête, traitée comme dans un film d’espionnage, n’est pas vraiment son résultat, à savoir la connaissance de l’origine de la statue ou de son authenticité. Ce que le réalisateur veut avant tout montrer, c’est le besoin pour l’homme de se raconter des histoires, d’y croire, et de se les accaparer. Le réalisateur met ainsi à nu les intérêts (mercantiles, de pouvoir, d’influence…) de chaque protagoniste dans cette découverte. En effet, devant sa caméra, chacun se présente comme légitime pour donner son analyse définitive sur la statue .

Le passage le plus jubilatoire est bien lorsque l’évêque de Gaza donne la définition du mythe, expliquant en quoi les dieux comme Apollon ont été des créations de l’homme, sans se rendre le moins du monde que tout ce qu’il dit pourrait s’appliquer à son dieu, une divinité parmi tant d’autres, surtout dans une terre multiconfessionnelle.

Une enquête amusante et profonde à la fois qui porte un autre regard sur cette terre si riche en dieux.

L.S.