Ours d’argent à la Berlinale de 1996 et nominée aux oscars du meilleur film étranger comme représentant de la Suède en 1996, La beauté des choses, la dernière réalisation du cinéaste suédois [[Personne:14306 Bo Widerberg]] n’était jamais sortie en France sur grand écran. Grâce au distributeur , voici cet oubli réparé. Film profondément féministe, La beauté des choses met en scène Viola ([[Personne:63663 Marika Lagercrantz]]), une jeune professeure qui a décidé de vivre sa vie, son mari l’ayant trompé peu après son mariage. Elle prend pour amant Stig (joué par le fils du réalisateur [[Personne:267035 Johan Widerberg]]) l’un de ses élèves. Le film raconte l’histoire du trio formé par la femme, le jeune amant, et le mari.

Le point de vue adopté par le réalisateur est semble-t-il celui des élèves que l’on voit dans une première séquence en récréation et qui semblent très intéressés par leur anatomie. Pourtant c’est une fille qui nommera en premier le personnage principal, Stig, et très vite l’intérêt du spectateur se portera sur la professeure, que l’on découvre derrière son bureau, faisant l’appel et passant en revue ses élèves.

Le regard du garçon en fera alors un objet d’étude, et les réactions de la professeure, inhabituelles intrigueront. Par la suite c’est elle qui mènera la danse. Elle séduit le jeune homme, lui impose son rythme, lui permet ou lui interdit les rencontres. Le garçon est alors manipulé par cette femme de même que le spectateur, qui ne peut que suivre le scénario. Toujours à la bonne distance de ses acteurs, [[Personne:14306 Widerberg]] filme sans fausse pudeur et avec beaucoup de sensibilité les jeux amoureux des amants, le premier baiser, les rencontres cachées, les rendez-vous secrets, qui apportent une réelle tension à leur aventure. Maitre du suspense, [[Personne:14306 Bo Widerberg]] applique ses méthodes au drame sentimental.

Ce film est d’une grande richesse. Les spécialistes de [[Personne:14306 Widerberg]] y retrouveront ainsi des éléments autobiographiques assumés (le film se déroule dans les lieux et à l’époque de l’enfance du cinéaste, 1943 à Malmö), une critique sociale sous-jacente, mais surtout cette œuvre cinématographique est une réflexion sur l’apprentissage. De quelle facette de Viola Stig apprend-il le plus ? De la professeure ou de l’amante ? Comme on le voit le film est tout à fait subversif, d’autant plus que Stig fini par s’émanciper de cette relation pour devenir adulte et apprendre par lui-même.

Magnifique œuvre à tous égards, ne manquez pas de voir en salles La beauté des choses.

Ne ratez pas la rétrospective [[Personne:14306 Bo Widerberg]] programmée à partir du 24 juin 2020 par [[Societe:180 Malavida]], cela vous permettra de découvrir d’autres pépites de ce réalisateur suédois méconnu.

L.S.