Retour sur une petite joyeuseté de cet été sorti directement en e-cinema : Colossal !

Le réalisateur Nacho Vigalondo plutôt inconnu en France mais dont le premier long (Timecrimes, 2007) avait fait du bruit, nous régale d’un très bon film de genre au concept aussi simple qu’efficace.

Gloria (Anne Hathaway, parfaite girl next door) est sur un rythme de vie débridé qui commence à avoir des conséquences désastreuses pour son couple. Sentant qu’elle a besoin de se ressourcer, elle retourne dans la ville de son enfance. Au même moment, à Séoul, un monstre au comportement erratique apparaît toujours à la même heure et terrorise la population. D’abord sous le choc d’apprendre l’existence d’un tel phénomène, Gloria va vite comprendre qu’elle a peut-être beaucoup en commun avec la créature. En effet, en se rendant à un moment précis dans le parc de son enfance, elle peut incarner le monstre.

Le film repose sur deux choses particulièrement rares en ce moment : une idée interactive très cinématographique et des personnages bien écrits. Le début est assez classique : une citadine revient dans sa « campagne » natale pour faire le point sur sa vie chaotique et se retrouve face à un phénomène qui la dépasse complétement. Cette première partie fonctionne bien, avec des personnages réussis qui posent tranquillement les enjeux du film. Et après avoir arpenté des sentiers rebattus, Colossal décide de tracer son propre chemin. Déjà, exit le paradigme habituel du retour aux sources en province qui sous entendrait que la ville c’est le mal. Ici, le "mal" est bel et bien à la campagne et derrière les bières et les parties de fléchettes, il rode. Dans la 2e partie, l’argument du film arrive et impressionne par sa redoutable simplicité. Avec l’incarnation du monstre, un changement d’échelle se produit, un matériau parfait qui offre des séquences de pur cinéma. Et l’idée marche, notamment parce qu’elle permet de faire un film qui met en scène de l’intime mais de manière spectaculaire. Les enjeux plutôt simples se trouvent d’un coup amplifiés et la nature des gens se révèle. Ce retour à une certaine simplicité est salvateur à une époque où le fond vert vient régulièrement cacher la misère de scénarios sans envergure. Ici, le film aurait presque pu marcher sans effets spéciaux, l’idée de base étant suffisamment brillante. Au service de ces séquences très stimulantes pour la rétine, on trouve des bons personnages dont un antagoniste très réussi car très humain, qui rendent l’ensemble cohérent (et sur le papier il y avait quand même un peu de boulot), et crédible. Avec un ton mi fantastique/mi comédie (L’Anne Hathaway’s effect sans doute) très agréable, Colossal est un bijou aux qualités roboratives à mettre de côté pour les longues soirées d’hiver ou les périodes de disettes cinéphiliques.

Thomas Kukla