Laissez bronzer les cadavres est un film extraordinaire, un des meilleurs films depuis que le cinéma existe. Il n’a quasiment que des qualités, et est inclassable comme toute œuvre de génie. Un « polar-western » pour lequel on manque de superlatifs. Du grand art tellement la qualité picturale est au rendez vous, en particulier dans l’utilisation des couleurs, comme l’annonce le générique qui rend hommage aux tirs de Niki de Saint Phalle. Cela dit, tout ce qui fait la matière organique d’un film, la bande son, (rythmée par moment par les coups de feu tels la grosse caisse d’une batterie), la lumière, le cadrage, l’occupation de l’espace, (rien n’est laissé au hasard, le parcours des personnages dans le village abandonné qui sert de cadre à l’action est étudié au millimètre), sans parler d’effets dignes du cinéma surréaliste, est au service de l’adaptation du roman de Jean-Patrick Manchette, histoire de mésentente après un braquage réussi. Les références cinématographiques vont du Godard (on sent comme l’ombre de Pierrot le fou planer sur la réalisation) à Enzo G. Castellari et son magnifique western Keoma en passant par le polar français avec Canicule signé Yves Boisset.

Ainsi, la grande force de leur cinéma est leur capacité à mixer leurs références, à modifier la matière cinématographique pour concevoir un cinéma organique qui n’appartient qu’à eux.

Le film à ne pas rater au cinéma.

L.S.