Out of the present est un film documentaire qui retrace le parcours du cosmonaute russe Serguei Krikalev, dont le réalisateur Andei Ujica nous fait partager 10 mois de vie dans l’espace à bord de la station MIR. Parti d’U.R.S.S. en mai 1991, il reviendra sur Terre en mars 1992 mais … en Russie. C’est cette histoire étonnante d’un homme qui passe dans l’espace l’un des événements majeurs du XXe siècle, qui a marqué le réalisateur, et lui a donné envie de représenter ce décalage de perspective incroyable : Serguei Krikalev, à distance quasi divine de ce bouleversement, et l’Histoire des hommes qui avance inéluctablement. Et ce vertige métaphysique, bien qu’objet du documentaire fait l’effet d’une fiction sur le spectateur en proposant un voyage digne de grosses productions. Parallèlement à des images d’archives relatant le changement de régime, le réalisateur Andei Ujica utilise les rushes de la caméra embarquée dans la station spatiale soviétique MIR. Il a même réussi à enrichir le tout par deux séquences tournées dans l’espace en octobre 1994 sous la supervision du chef opérateur de Solaris, Vadim Youssov, avec une caméra 35mm. La vision des images prises dans la station et dans l’espace provoque un émerveillement atemporel sans cesse renouvelé alors que celles des événements qui ont conduit à la chute de l’U.R.S.S. ramènent le spectateur à un temps plus « rationnel » ». La synergie qui s’opère entre ces deux types d’images fait que les petites actions quotidiennes de la station prennent une importance quasi historique. Entre deux allers-retours de fusées amenant et remportant des locataires de diverses nationalités (anglaise, autrichienne, kazakh), notre cosmonaute russo-soviétique gère repas, exercices physiques, expériences et bricolages divers d’une main de maître, tout en s’amusant parfois avec ses coéquipiers d’entractes guignolesques. Entraînés dans ce tourbillon, nous nous retrouvons au septième ciel cinématographique, ce film étant une parfaite réussite du 7ème Art.