L’herbe semble toujours plus verte dans le champ du voisin. Mais quand on a sauté la barrière, on peut être déçu par ce que l’on découvre. C’est un peu ce que vivent les protagonistes d’un couple adultère de la campagne russe. Lui (Egor Barinov) est chauffeur routier, il part pour de longues journées sur les routes. Au passage il fait monter dans sa cabine sa voisine Anna (Kristina Schneider) sensée partir vendre ses tricots dans les magasins de la capitale. Ces moments volés leur semblent merveilleux. Mais quand les circonstances font que ces deux personnages doivent cohabiter, ils déchantent vite.

Il était une fois dans l’Est de la réalisatrice russe Larissa Sadilova aurait pu être la simple illustration de l’injonction du décalogue qui interdit l’adultère. Mais le film ne se limite pas à la description d’un commandement moral et s’avère au final bien plus riche. Les images de Larissa Sadilova nous font ainsi partager la vie des habitants de cette petite ville dans laquelle se déroule le récit, que ce soient les autres partenaires du couple adultérin (Maria Semyonova et Youri Kiselev), leur famille ou leurs proches. Par l’intermédiaire de quelques plans où l’on perçoit les personnages au travail et dans leur quotidien, le film rend à merveille  l’atmosphère particulière des lieux de vie où se mélangent quiétude, débrouillardise, et suspicion. La ville n’est plus seulement un cadre pour les protagonistes mais devient aussi un sujet. D’ailleurs c’est par elle que se termine le film grâce à une fête donnée en l’honneur de la libération de la cité. « On n’oublie rien » proclame un slogan en hommage à ses libérateurs. Tout un symbole.

Portée par des acteurs talentueux en immersion au milieu des habitants de Trubchevsk, cette histoire d’amour au cœur de la campagne russe laisse in fine planer un certain sentiment de nostalgie. Pourquoi la vie ne peut-elle pas être plus simple ?

Laurent Schérer