Dans le premier film de l’acteur [[Personne:94994 Zu Feng]] Un été à Changsha, l’inspecteur de police Bin (efficacement interprété par le réalisateur), est en charge d’une enquête autour de la découverte d’un bras sur la berge de la rivière qui arrose la ville. Les investigations s’annoncent difficiles surtout lorsqu’il rencontre une chirurgienne, Li Xue, ([[Personne:44076 Huang Lu]]) la sœur du probable ex-possesseur du bras, qui lui fait part d’un rêve étrange.

Au-delà du scénario bien ficelé qui tient le spectateur en haleine (ce qui est déjà un bon point ! ), Un été à Changsha questionne nos choix passés et notre manière d’assumer dans le présent nos erreurs.

Le film traite ainsi  du sentiment  de culpabilité et de la transmission des sentiments qui y sont liés. La parole libère-t-elle celui qui la profère ou enchaine-t-elle celui qui la reçoit ?

Il est révélateur que le personnage principal envoie sa lettre de démission de la police au moment du début de l’enquête. Comme s’il ne se sentait plus apte à recevoir la parole d’autrui. Pour autant, cette lettre va lui permettre paradoxalement de mieux s’interroger sur le sens des dernières confidences qu’il recevra.

En cherchant à reconstituer le corps du mort, le scénario essaye en parallèle  de reconstruire le vivant, à travers le parcours entre l’hôpital et l’usine de retraitement des déchets, qui constitue une métaphore d’une société qui ne parvient pas à guérir les âmes. L’absence de tête de la victime devient alors l’illustration de l’absence de raison de la société chinoise. La censure chinoise ne s’y est d’ailleurs pas trompée, s’affolant lors du passage du film à Cannes, retenant en Chine l’équipe du film.

Nous sommes donc face à un film subtil et délicat dans lequel les événements sont au service d’une interrogation bien plus profonde que la simple résolution de l’enquête.

Pour porter ces questionnements, le réalisateur mélange habilement les genres, passant du thriller à la romance, frôlant parfois le fantastique. Cette variété de tons participe surement à l’intérêt que l’on porte au film, le spectateur ne ressentant jamais de longueurs. (Encore un bon point ! )

Bref, un très grand moment de cinéma.

L .S.