Deuxième long métrage de l'actrice, scénariste, productrice, et maintenant réalisatrice québécoise Sophie Lorain, Charlotte a 17 ans est un film frais, jeune, avec des personnages profondément amoureux de la vie. Un film en noir et blanc qui met en valeur des dialogues qui donnent la pêche.

Pourtant, le sujet est grave puisqu’il traite de la liberté des femmes et de l’inégalité du regard que porte la société sur leur comportement. Ainsi, un homme qui couche est un séducteur alors qu’une fille qui couche est une salope marquée à jamais par l’infamie. C’est ce « double standard » que dénoncent les héroïnes du film lorsqu’elles y sont confrontées.

Sous le patronage de la Callas chantant Carmen, qu’elle regarde en vidéo avec dévotion à chaque moment de blues, Charlotte (Marguerite Bouchard) est une « collectionneuse » par dépit ou par goût, on ne sait pas trop et ce n’est pas le propos. Aube (Rose Adam) par contre, est vierge, introvertie et romantique. Enfin, Mégane (Romane Denis) se rebiffe toujours contre la norme, la bien-pensance, et les (mauvaises ?) habitudes. Il y a quelque chose de la Nola Darling dans ces jeunes filles avec la naïveté en plus. Pourquoi n’auraient-elles pas le droit de « tester » les garçons, les noter, comme ils le font eux-mêmes pour les filles, sans que cela pose un quelconque problème ? Pourquoi la vie d’une jeune fille devrait être celle d’une belle au bois dormant qui attend l’arrivée du prince charmant et fait tout pour lui plaire ?

Le film est une réussite en cela qu’il parle de la sexualité des jeunes filles sans juger ni choquer. Pas de nymphomanie revendiquée, mais une réelle égalité des sexes. Les filles veulent juste pouvoir faire ce qui est permis aux garçons. Vivre une sexualité libre sans être montrées du doigt ou mises à l’index. Autre fait marquant dans ce film, c’est l’absence d’adultes et par conséquent d’un discours moralisateur et pontifiant. Le film montre des jeunes (filles et garçons) qui s’autogèrent, dans leur travail, leurs loisirs, leurs sorties et leur sexualité. C’est aussi en cela que le film est frais et enthousiasmant, parce qu’il fait confiance à la jeune génération pour résoudre ses problèmes. Pas seulement ceux concernant leur intimité, mais aussi ceux de la planète. La collecte de fonds pour « grands-singes.ca » en est une hilarante démonstration.

Film fortement recommandé à tout le monde. Dans le top 10 des films 2019.

L.S.