Après L’homme au mille visages et La colère d’un homme patient, le cinéma ibérique propose avec Que dios nos perdone un nouveau thriller haletant qui s’inscrit dans la "nouvelle vague" du polar espagnol amorcée par La Isla minima où le naturalisme côtoie la critique sociale.

Le cinéaste espagnol Rodrigo Sorogoyen, réalise ici un polar efficace que l’on pourrait résumer ainsi : un policier soupe au lait traque un serial killer de mamies.

Rien n’est alors laissé au hasard pour mener le spectateur vers une implacable résolution des crimes sordides montrés à l’écran (âmes sensibles s’abstenir). Les embûches semées sur le parcours de l’enquêteur mis à pied rapidement de son emploi d’inspecteur de police, du fait de son caractère vindicatif, ainsi que la ruse et le manque total de scrupules du criminel, font que la confrontation entre ces deux caractères fortement trempés ne peut que provoquer des étincelles menant à un éblouissant feu d’artifice d’actions ou d’attentes stressantes menées à un rythme trépidant.

En plus, le spectateur pourra y voir un regard critique de la société espagnole et de ses institutions, en particulier celles d’une police peu efficace et d’une église trop facilement prête à fermer les yeux. Le scénario ne s’inscrit pas par hasard au moment de la visite du pape dans le cadre des JMJ à Madrid en avril 2011... La ville avec ses embouteillages et ses colères sociales est ici traitée comme un véritable personnage qui ralentit la progression de l’enquête et amplifie encore la sensation d’étouffement portée par le scénario.

Un film à ne pas manquer pour les amateurs du genre.

L.S.