Le film à voir sur Outbuster (le premier mois est gratuit !) : https://www.outbuster.com/entre-potes/I-am-thor

Alors que le mois de mai s‘annonce et que les jupes se raccourcissent au fur et à mesure de l'arrivée des beaux jours, mon rédacteur en chef est venu me rendre visite pour me féliciter pour mon article pour Spring (voir l’article) tout en m’invitant à employer ma prose pour un nouveau film présent sur le service de SVOD d'Outbuster. Avec un grand sourire, il m’a demandé alors si j’étais prêt à faire un article sur I am Thor disponible sur la plateforme. Étonné, je m’apprêtais à devoir mater un énième Avengers 2041. Mais qu' Asgard soit béni, je découvrais alors un documentaire attachant sur Jon Mikl Thor, un Canadien qui se lança dans le rock’n’roll en adoptant le patronyme de Thor. Un personnage fascinant aux multiples vies qui gagna les titres de Mr Canada et Mr USA en culturisme, puis devint stripteaseur (où l’on apprend que la gent féminine peut avoir la main encore plus baladeuse que ses consorts masculins) avant de se lancer dans le heavy metal pour des prestations live assez originales, où il tordait une barre de fer et s’amusait à souffler dans une bouillotte jusqu’à la faire éclater, pour le plus grand plaisir de son public.

Le film commence comme un portrait assez classique d’une réussite made in USA. Le réalisateur mixe ainsi les images d’archives commentées par Thor en voix off, et des interviews de différents intervenants. Alors que notre culturiste préféré vient de signer avec une major RCA et s’apprête à une tournée dantesque, l’homme est victime d’un kidnapping. Vrai enlèvement ou délire d’un individu qui aurait craqué à l’aube d’une carrière dans le rock ? Impossible à dire…  Mais c’est le moment choisi par le réalisateur pour nous dévoiler pour la première fois un Jon Mikl Thor vieillissant bien loin de l’athlète bodybuildé qu’il était à l’époque. Le ton du film est donné : nous allons décourir le trajet de vie d’un homme qui s‘est confondu avec le personnage qu’il a créé, et qu’il va continuer à incarner, malgré les mutlples déconvenues d’une carrière qui s’est écroulée à peine après avoir commencée.

On peut dire que Ryan Wise a eu le nez creux en choisissant de faire un documentaire sur Jon qui est un vrai personnage de cinéma.  Bien que prisonnier de ses rêves mégalomaniaques de rock star, c’est une personnalité attachante qui fait preuve d’une humanité rare. Un enfant dans un corps d’adulte qui met sa vie en danger pour continuer à échanger avec son public, comme quand il doit jouer dans une salle des fêtes alors qu’il sort à peine d’un AVC. On peut se moquer de lui, on peut le trouver ringard, mais c’est un homme qui aime profondément ses fans et qui serait capable de faire la vaisselle chez vous pour vous rendre service après avoir sué pendant plus de deux heures sur scène.

Le film est la quête d’un homme prêt à tout pour continuer à jouer.  Nous voyons un corps vieilli et fatigué, un rocker sur le point de s’effondrer à chaque instant, mais qui prendra toujours le temps nécessaire pour vous prendre dans ses bras et discuter avec vous. Un trajet de vie qui confirme que Jon est digne de porter le nom du fils d’Odin. C’est un super héros bien réel qui arrive à plier des barres de fer sans avoir recours à un fond vert et qui se casse des dents en plein concert et continue à chanter. Il est ainsi impossible de ne pas être ému jusqu’aux larmes quand on le voit sur scène ne jamais se ménager, et offrir tant d’amour en coulisses pour ses fans. Thor et ses musiciens sont les vrais Avengers. Ils n’ont pas besoin des millions de dollars de Disney car ce sont des mecs profondément gentils dont le perfecto est la plus belle des armures contre le nihilisme ambiant et une industrie musicale aux mains des marketeux.

Au final, un documentaire vraiment touchant qui montre que le rock ne mourra jamais ! Outbuster nous permet une fois encore de découvrir une pépite du cinéma indépendant absolument passionnante.

Mad Will