Le film est disponible en VOD sur Shadowz : https://www.shadowz.fr/content/fermez-les-yeux-laventure-commence-1979

Je vous propose aujourd’hui de revenir sur Dreamscape , un étonnant film de science-fiction des années 80 qui proposaient à ses spectateurs de pénétrer dans l’univers des rêves. Son réalisateur Joseph Ruben n’est pas forcément un cinéaste connu ni reconnu, mais il posséde un vrai sens de la mise en scène. À ce titre, je vous invite à revoir la séquence d’ouverture de son thriller Le beau-père. Joseph Ruben nous donnait ainsi à voir l’étrange toilette matinale d’un homme qui semblait se préparer à aller au bureau. Lorsque celui-ci quittait la maison avec son attaché-case, le metteur en scène nous dévoilait alors au second plan, les corps ensanglantés de sa belle famille qu’il venait d’assassiner.  Sans avoir à s’appuyer sur des images gores, Ruben nous proposait une séquence qui démontrait un sacré savoir-faire en matière de découpage.

Que raconte Dreamscape ?

Un projet scientifique top secret est mis en place par le gouvernement américain : des personnes douées de télépathie sont projetées dans les rêves d'individus victimes de violents cauchemars afin de les aider à combattre leurs angoisses. Le docteur Paul Novotny, responsable du programme, décide de faire appel à son ancien protégé, Alex Gardner, véritable génie de la télépathie ayant brusquement disparu du circuit cinq ans auparavant. Le jeune homme accepte de participer au projet et découvre bientôt l'existence d'un complot visant le Président des États-Unis, lui aussi victime de terribles cauchemars...

Je commencerai cette critique de Dreamscape en évoquant le film Inception de Christopher Nolan. À la sortie du long-métrage en 2010 avec  Leonardo DiCaprio et Marion Cotillard, le vénérable John Landis (Blues Brothers ) s’était insurgé contre les louanges adressées à Nolan, en rappelant que son film empruntait beaucoup de ses idées au Dreamscape de Joseph Ruben. Sans rentrer dans une polémique inutile, il est clair que ces deux oeuvres partagent l’idée qu’un homme puisse pénétrer dans les rêves afin d’apprendre des choses sur un sujet humain afin de contrôler sa vie. Néanmoins malgré une thématique assez commune, le déroulement de ces deux longs-métrages est totalement différent. Dreamscape est en effet un thriller plutôt classique alors que le long-métrage de Nolan est une oeuvre orientée métaphysique qui a surtout à voir avec le Paprika de Satoshi Kon .

Enfin, il ne faudrait pas oublier que Dreamscape   a été lui aussi accusé de plagiat à sa sortie. En effet, le studio New Line avait accusé Ruben d’avoir eu accès au scénario du premier Freddy sorti la même année. Des reproches d’autant plus crédibles qu’une scène de Dreamscape  nous montrait un méchant télépathe avec des griffes en acier qui rappelaient le gant de l’abominable Freddy.  Pour conclure sur toutes ces accusations de copies de scripts, il faut se rendre compte que la plupart des films dits novateurs à Hollywood sont le plus souvent une relecture d’oeuvres plus anciennes.

Dreamscape est un film solide qui s’appuie sur un scénario efficace qui prend ici la forme d’un techno thriller. Le film nous donne donc à voir de la haute technologie dans le campus où se passe l’action et propose un récit qui mêle politique fiction (le personnage du président des USA) et le fantastique par l’intermédiaire de télépathes capables de pénétrer dans les rêves.

Ruben bien aidé par son scénariste Chuck Russell (autre excellent artisan qui a signé Freddy 3 et The Mask ) arrive à rendre compréhensible son histoire qui mêle la réalité et l’univers des rêves.  Pour réussir, il différencie ainsi les séquences mettant en scène des songes, du reste du film, par l’intermédiaire de filtres rouges. De plus, il se laisse aller à l’expérimentation quand il aborde le rêve et mêle l’humour absurde, l’horreur et l’érotisme. Il parvient ainsi à créer un monde à lisière du surréalisme qui ressemble bien au méli-mélo d’idées créées par notre inconscient pendant notre sommeil.

Dreamscape s’appuie également sur un casting de qualité avec deux très grands acteurs Christopher Plummer et Max von Sydow qui ont travaillé avec des pointures comme Robert Wise ou Bergman. À leurs côtés, nous retrouvons Dennis Quaid connu pour l’Aventure intérieure et Enemy et qui est accompagné par la ravissante Kate Capshaw, l’héroïne du Temple maudit. Enfin pour les fans de l’excellent Les Guerriers de la nuit , on retrouve l’acteur David Patrick Kelly qui est toujours formidable dans les rôles de psychopathe.

Mad Will

Un extrait d'un cauchemard du film