Souvent classé au côté de La Boum ou d’À nous les petites Anglaises dans le panthéon des films pour adolescents à tendance nostalgique, Diabolo Menthe s’avère une œuvre bien plus complexe et forte que les deux films précédemment cités. À l’instar de La Boum, le film possède une chanson devenue un succès populaire, mais le choix d’Yves Simon parolier et musicien engagé maniant à merveille les lettres et les accords de guitares, montre que la réalisatrice privilégie une approche personnelle et engagée à une chronique adolescente facile.  

Diabolo menthe conte les aventures en 1963 d’Anne (l’alter ego de la réalisatrice) âgée de 13 ans et de sa grande sœur Frédérique, toutes deux enfants de parents divorcés. En 1979, ce film a proposé au cinéma une vision féminine novatrice à l’époque où les récits d’enfance comme les 400 coups étaient toujours l’œuvre d’hommes cinéastes. Ce changement de point de vue fait toute la richesse de ce film qui dénonce une morale envahissante et patriarcale où l’on humilie les filles qui se maquillent à l’école, où le collant est interdit, où l’arrivée des règles entraîne une claque. Pour autant dans cette société moraliste, on tolère le regard salace des hommes sur des corps à peine entrés dans l’adolescence, témoignant d’une société où seules les filles portent en elles le poids du péché.

En dénonçant cette rigidité, Diane Kurys nous fait d’autant plus apprécier les moments de rébellion des jeunes filles à travers l’engagement politique de Frédérique où le long monologue de Pascale, une camarade de classe sur la répression policière. Enfin, la réalisatrice filme avec candeur, justesse et une grande pudeur les premiers émois de nos jeunes héroïnes rendant parfaitement l’innocence des amours naissants.

Un joli film qui nous dévoile une période pré-68 pas vraiment synonyme d’épanouissement quand on était une fille.

Mad Will