Financée entre les USA et l’Europe, cette production prend le meilleur des deux continents en adoptant l’efficacité des films épiques américains tout en nous proposant un discours souvent blasphématoire, impossible à imaginer de l’autre côté de l’Atlantique. La Chair et le Sang aborde la période de transition entre le moyen-âge et la renaissance. Mais ne comptez par sur notre hollandais préféré pour vous offrir un récit précieux peuplé de gentilles princesses et de courageux princes. Chez Verhoeven, les héros n’existent tout simplement pas. Ici, les nobles manipulent les gueux qui ne sont pas plus respectables, brûlant et violant tout ce qui passe entre leurs mains. Verhoeven en provocateur né, ose tout en faisant d’une scène de viol un pamphlet féministe où la jeune femme renverse la position de domination de son agresseur en serrant les jambes autour de lui tout en simulant le plaisir. Le film est également d’une rare violence contre la religion. Instrument des fanatiques, elle ne sert qu’à justifier les pires exactions et manipuler les masses populaires profondément idiotes. Réflexion sur l’individualisme roi, le long métrage nous montre que le jeune prince qui se considère comme un scientifique et un humaniste, finira par se conduire comme un barbare, utilisant la science seulement pour soumettre et détruire l’autre.

Grâce à sa photographie splendide, sa bande originale signée épique par Basil Poledouris et son casting solide où le charisme de Rutger Hauer fait toujours son petit effet, vous obtenez un grand film d’aventures entre Richard Fleischer et Ken Russell. Un long-métrage essentiel à l’image du plus important réalisateur de ces quarante dernières années !

Mad Will