El presidente est un film de fiction de 114 minutes du réalisateur argentin Santiago Mitre. Pourtant on le qualifierait volontiers de « meilleur épisode pilote de série ». En effet, au bout des deux heures, la frustration est immense. On a envie de savoir ce que deviendront les personnages si magnifiquement dessinés ; car le film ne répond à aucune question, il les pose.

   Dans un hôtel hors de l’espace et du temps, les intrigues se construisent. Le personnage principal, Hernan Blanco (superbement joué par Ricardo Darin), président nouvellement élu de la république d’Argentine et énigmatique pour tous, se doit de louvoyer lors d’un sommet sud-américain entre les intérêts brésiliens qui s’opposent frontalement aux Nord-américains, et ceux de sa nation. Empêtré dans ce qui risque d’être un scandale financier éclaboussant sa famille en plus de lui-même, il doit composer avec sa fille Marina (Dolores Fonzi, brillante d’étrangeté).

   Débutant comme un thriller politique, virant au tournant au film fantastique et finissant sa course en film d’espionnage, El presidente cumule les qualités des trois. Sa force est d’avoir su, par un pas de côté, assumer des problématiques reliées le plus souvent à des genres différents : qui ment, qui dit la vérité, qui manipule ? On s’attendrait à trouver les réponses à ces questions sur le registre du politique. Non ! le réalisateur les situe plutôt au niveau du psychologique et du fantastique.

   Au croisement du politique et du drame familial, El presidente est une vraie réussite.


  Laurent Schérer