En attendant les hirondelles est une superbe fresque de la société algérienne contemporaine. Le premier long métrage du réalisateur Karim Moussaoui nous présente trois histoires successives dont l’ambition est de nous décrire les interrogations actuelles des Algériens.

Dans la première, un couple divorcé voit son fils arrêter ses études, par manque de motivation et de perspectives d’avenir, malgré l’inquiétude de sa mère Lila. Parallèlement, le père, Mourad, promoteur immobilier, voit sa nouvelle compagne Rasha souhaiter rentrer en France à cause de désillusions professionnelles. Dans la deuxième, la tradition et la situation économique font que des amants (Aïcha et Djalil) ne peuvent vivre ensemble et doivent sacrifier leur passion sur l’autel de la « raison ». Dans la troisième, les atrocités de la période noire de la guerre du Groupe Islamique Armé ressurgissent dans la vie de Dahman, le neurologue ambitieux, et risquent de compromettre son statut et ses projets d’avenir.

Par petites touches le réalisateur nous fait part de l’attente d’une société qui ne peut plus être fière de son passé ni croire facilement en son avenir.

Pourtant le film ne montre pas un pessimisme absolu. On sent une jeunesse bouillonnante sous le couvercle des conventions, une envie de s’émanciper, magnifiquement montrée dans une scène où Aïcha la future mariée se met à danser, expulsant alors toutes ses frustrations. A travers la lumière chaude de la photographie et les splendides paysages qu’elle capture, c’est même une véritable déclaration d’amour à son pays que signe Karim Moussaoui.

L.S.