Rien que d’apprendre que Requiem pour un massacre allait ressortir sur grand écran m’a fait un choc. C’est LE film de guerre, viscéral, traumatisant, bien loin devant Apocalypse now et autres Sentiers de la gloire.

Ce film montre la volonté de destruction du peuple biélorusse par les nazis en 1943.

Il ne s’agit même pas de montrer l’absurdité, la dégueulasserie de la guerre ou la perversion de gradés sadiques. Non, le film montre avant tout une froide détermination de destruction systématique d’un peuple par les armes. Nous ne sommes pas face à des exactions, des bavures, des erreurs, mais bien devant une logique planifiée, déterminée, programmée pour nier l’humain. En premier lieu celui qui sera tué, traité comme du bétail, mais aussi celui qui tue, dont le cerveau a été effacé et qui devient une machine incapable de raisonner. Les nazis ont enfermé les juifs et autres déviants à leurs yeux dans des camps d’extermination afin de les tuer. En Biélorussie, ils ne se sont même pas donné cette peine. Ils ont planifié une destruction « sur site », considérant l’ensemble de la population comme inférieure. Inutile de trier, tout est à jeter.

En plus d’une virtuosité technique hors pair, le film est construit par la vue subjective d’un enfant de 13 ans enrôlé dans la résistance après qu’il a trouvé et récupéré un fusil sur un cadavre de soldat. Le spectateur perdra son innocence à travers ce regard d’enfant qui est confronté (à ce stade on ne peut même plus parler d'horreurs) à la guerre.

Ce chef-d’œuvre est réalisé par Elem Klimov, présent à la bataille de Stalingard, ville où il est né en 1933. Requiem pour un massacre est une œuvre indispensable qui nous montre le pire de l’humain : l'aboutissement de l’intolérance et le visage du fascisme.

L.S.