Sankara n’est pas mort est un film documentaire qui multiplie les paysages et relate le voyage poétique de Bikontine, le long des six cents kilomètres de l’unique voie ferrée du Burkina Faso, qui relie Beregadougou au sud-ouest à Kaya au nord-est du pays.

La réalisatrice [[Personne:128574 Lucie Vivier]] a suivi caméra au poing le jeune poète burkinabé à la rencontre des « hommes intègres » qui habitent aussi bien dans les zones agricoles, les zones minières ou dans les villes comme Ouagadougou.

Le tournage s’est déroulé en 2014 juste après la révolution qui renversa le régime de Blaise Compaoré qui avait pris le pouvoir après l’assassinat de Thomas Sankara en 1987.

Ce qui frappe à la vision du film, c’est le fait que la réalisatrice cadre de superbes plans tout en apportant beaucoup de sens à la quête du poète. Je ne prendrai comme exemple que celui de la prise de vue du franchissement d’une rivière par la voie de chemin de fer où l’on voit que le pont a été emporté par une crue mais où les rails résistent, suspendus dans le vide. Ce plan d’une très grande beauté formelle est aussi symboliquement très fort car cette portion de voie avait été construite sous la présidence de Sankara et abandonnée après sa mort. Le film s’attache donc  à ce qui reste de l’héritage de l’homme d’État qui souhaitait sortir son pays de la dépendance de l’occident et voulait donner une place plus importante aux femmes. D’ailleurs la réalisatrice  leur laisse un vaste champ d’expression dans le film.

Ce documentaire donne donc la parole aux Burkinabés, à leurs aspirations, leurs doutes, leurs craintes, mettant en valeur le peuple, celui des personnes délaissées par le pouvoir central ou engagées socialement.

Embarqué dans le train sur certaines portions du trajet, mais marchant le plus souvent le long de la voie, le couple formé par la réalisatrice et son sujet nous emmène dans un railway movie qui se déroule tranquillement, rythmé par la marche, les rencontres, et les écrits de Bikontine.

Laurent Schérer