Amis chevelus et férus d’amplis Marshall dont le volume a été monté au fatidique 11 comme dans Spinal Tap, Heavy Trip est un film que je vous recommande chaudement. Ce long-métrage disponible depuis quelques temps sur Outbuster (lien : https://www.outbuster.com/entre-potes/Heavy-trip) a pas mal fait parler de lui grâce à des diffusions dans le cadre de manifestations comme le Arras Film Festival ou le Fantastica de l’autre côté de l’Atlantique.

Heavy Trip est un film musical sans prétention, pensé avant tout pour vous divertir grâce à sa bande de pieds nickelés du métal qui se décident enfin de se lancer sur scène après 12 ans de répétitions intensives. Nous suivons ainsi les premiers pas scéniques de Turo, un aide-soignant également chanteur qui vomit à chaque fois qu' il se retrouve dans des situations stressantes. À ses côtés, on retrouve un guitariste éleveur de rennes, un bassiste autiste véritable Wikipédia des musiques extrêmes, sans oublier le batteur kamikaze Jynkky qui flirte dangereusement avec la mort à chaque fois qu’il touche un fût de batterie. Notre petite bande va nous faire vivre pendant une heure et demie une virée musicale loufoque où ils devront faire face à un Elvis du pauvre ainsi qu'à des vikings, sans oublier une armée de réservistes qui se croient dans le remake de Rambo 2 .

Le film est une comédie dans la lignée des Blues Brothers avec son scénario qui s’apparente à une quête dont l’aboutissement est un concert. À la manière du classique de John Landis, nos héros pourront compter sur de nombreux deus ex machina comme la présence opportune d’un drakkar pour arriver au concert où ils seront assiégés comme Jake et Elwood par les forces de l’ordre. Quand on regarde Heavy Trip , nous avons véritablement l’impression de visionner un cartoon tant les situations sont poussées à l’extrême lorsque nos héros sont à deux doigts de déclencher une guerre entre la Finlande et la Norvège. Les personnages du film sont vraiment hauts en couleur avec des méchants dignes du dessin animé Les Fous du Volant sans oublier que le van utilisé par nos héros ressemble énormément au véhicule du Scooby-Doo d’Hanna-Barbera.

Le film est avant tout une déclaration d’amour à un courant musical populaire question public, mais injustement boudé par les médias dominants (radio, télévision, la presse papier…) qui réduise le métal à une musique adolescente difficilement écoutable en raison de riffs de guitare agressifs et d'une imagerie supposée morbide. Une vision tronquée alors que le métal est riche de sous-genres et multigénérationnel. Quant à l’esthétique parfois sombre de certains de ses groupes les plus emblématiques, elle agit comme une catharsis car elle nous confronte à nos peurs les plus intimes comme la mort pour mieux les exorciser à la manière du cinéma d’horreur. Par le biais de ses héros chevelus qui essayent d’exister dans un environnement normé, le film montre que la musique métal est essentielle en ces temps où les réseaux sociaux imposent les lois du groupe à l’individu.

Grâce à son image qui magnifie les espaces naturels nordiques et ses interprètes enthousiastes, Heavy Trip est un film jouissif et plein d’amour pour la musique métal que je vous invite à voir.

Mad Will