C’est à Rome, dans une prison pour femmes, que se situe l’action de L’enfer dans la ville, réalisé en 1959 par Renato Castellani.

L’interprétation extraordinaire d’Anna Magnani dans le rôle d’Egle, une prostituée emprisonnée, est à elle seule une bonne raison de voir ce film. En effet l’actrice porte le métrage sur ses épaules, cimentant ainsi une intrigue parfois un peu lâche. Femme autoritaire, meneuse, elle sait aussi se montrer tendre en prenant sous son aile Lina (Giulieta Masina), jeune bonne victime d’un escroc beau parleur. Obéie au doigt et à l’œil par ses codétenues, elle les commande et les persuade par la voix, de même que le spectateur sous le charme.

Le réalisateur révèle dans ce huis clos l’humanité cachée de ces femmes emprisonnées pour des délits plus ou moins graves, accusées à tort ou à raison, primo entrantes ou récidivistes. Mais, lucide, il indique qu’il n’y aura pas d’avenir pour celles-ci à moins d’un miracle, qui se produira pour l’une d’entre elles, et qui par son caractère exceptionnel renforce encore le côté inéluctable de la rechute. Encadrées métaphoriquement par deux plans de fourgon cellulaire, en début et fin de film, ces femmes n’ont en effet pas d’autre choix que la prison.

Une chronique sociale qui se laisse regarder avec beaucoup d’intérêt.

Laurent Schérer