Guendalina (1957) et Les adolescentes (1960) sont deux films du réalisateur italien Alberto Lattuada récemment restaurés et qui ressortent ce mercredi 29 juillet en salles.

Guendalina nous offre le portrait d’une jeune fille riche, gâtée par sa famille qui ne pense qu’à son bien-être et à ses caprices. Cependant, suite à sa rencontre avec Oberdan, le neveu d’un maitre-nageur, elle va peu à peu changer d’attitude et comprendre que son monde n’est pas celui de tous.

Un beau récit d’apprentissage, donc, doublé d’une sévère critique sociale sur le mépris que peuvent avoir les riches envers les classes laborieuses, thème que l’on retrouvera aussi en filigrane dans Les adolescentes centré sur les émois amoureux de Francesca. Les deux héroïnes des deux films Guendalina et Francesca ont ceci en commun, que ce sont deux filles qui ne se laissent pas dicter leur conduite et qui revendiquent le droit à l’amour, avec plus ou moins de réussite, les contraintes sociales jouant contre elles.

Guendalina n’est pas une énième histoire romantique mais plutôt un film dans la veine du néoréalisme italien. Enfant d’un couple en crise, la jeune fille entend la douleur de sa mère se plaignant d’un mari qui la délaisse. On ressent la profonde solitude de celle-ci quand elle montre à sa fille un bijou que son mari infidèle lui avait offert après une escapade, sans doute pour atténuer ses remords, pense-t-elle, geste qu’il ne se donne même plus la peine de faire à présent. Mari infidèle, père absent, telle est l’image que Guendolina a de l’homme, peu étonnant alors qu’elle n’hésite pas à briser les cœurs pour sauvegarder son indépendance. Pourtant elle est capable de sortir de ce schéma de pensée et d’apprécier à sa juste valeur Oberdan. Mais ce sera sans compter sur ses parents qui, en bons représentants de leur classe, voudront gâcher la vie de leur fille après avoir déjà saboté la leur.

Quant aux adolescentes, dont le rythme est moins enlevé, et la critique sociale moins appuyée, on retiendra surtout les pensées et les discussions des jeunes filles rêvant d’un monde où elles pourraient s’émanciper, et pour paraphraser Godard avec deux ans d’avance, « Vivre leur vie ».

Profitons de leur ressortie en salles pour apprécier ces deux films dans de bonnes conditions.

Laurent Schérer