Louis Malle tourne Atlantic city juste après que la ville du même nom a construit son premier casino en 1978, dans le but de redynamiser la cité. En effet, depuis son apogée dans les années 30, Atlantic City avait perdu de son attrait et des habitants. Cependant, cette nouvelle donne n’a pas résolu les problèmes liés à la drogue et à la pauvreté. C’est ainsi que le réalisateur français, exilé pour un temps aux États-Unis, a choisi ce cadre pour dérouler une intrigue policière de bonne facture dans laquelle on retrouve drogue, jeu, misère, gangsters, et mafia.

Dave et Chrissie, enceinte de ses œuvres, s’enfuient de Philadelphie vers Atlantic City chez la sœur de cette dernière, Sally, par ailleurs femme de Dave. Cela après que Dave a dérobé un paquet de drogue, qu’il compte écouler rapidement. Mais c’est sans compter sur la réaction des anciens propriétaires de la poudre, furieux de s’être fait voler.

Cette intrigue paraît au premier abord peu originale. Mais le scénario écrit par John Guare n’en garde que la trame sans en faire un film d’action. En effet, il s’attache avant tout au parcours de ses personnages, dressant les portraits de Sally (magnifique Suzanne Sarandon) qui cherche à se sortir de sa condition en suivant des cours de croupière, et de Lou (fantastique Burt Lancaster), un homme au passé douteux en perpétuelle recherche de reconnaissance.

C’est la description de ces personnages, vivant pour certains dans la nostalgie d’un passé glorieux, surement fantasmé, ou dans l’espoir d’un avenir radieux inaccessible, pour les autres, qui donne au film tout son intérêt. Faut-il voir dans les personnages qui hantent cette ville une métaphore de la ville elle-même ? On ne sait pas. Mais ce qui est sûr c’est que le réalisateur s’attache à leur faire parcourir une ville blafarde, à travers des lieux contrastés entre taudis et casinos, entre chantiers et rues sordides. Il semble ne pas avoir de place pour le présent, coincé entre un passé en déliquescence et un futur en attente.

Atlantic city est un des meilleurs films de Louis Malle et a reçu un lion d’or à Venise en 1980. Distribué par Malavida, ce film est visible en salle dans une version restaurée par Gaumont.

Laurent Schérer