Linn da Quebrada  (qui est le nom de scène qu’elle se donne aujourd’hui) est une chanteuse brésilienne de Sao Paulo, qui se définit comme une « Bixa travesty »,  traduisez en « trav-tapette », et dont le film dresse le portrait. « Je voudrais qu’en me voyant tout le monde sache que je ne suis pas un homme ». En effet Linn se définit comme une femme avec une bite. Tout simplement.

Portée par une réalisation fougueuse et rythmée de Claudia Priscilla et Kiko Goifman, le film nous dresse un joli portrait d’artiste porté par une splendide bande originale. On est ainsi vraiment captivé par la présence scénique percutante de cette femme exceptionnelle. De nos jours où le genre biopic fait fureur, Bixa travesty tient bien son rang en alliant d’une façon équilibrée les passages électrisants sur scène et les phases de recherche en coulisse ou en studio. Le film nous offre également des scènes plus posées entre ami-e-s et quelques plans en famille sans oublier une séquence nostalgie devant un album photo (et vidéo). Toutes ces captations, dont les plus intimes sont le plus souvent issues du smartphone de la chanteuse ou de ses proches, permettent de se faire une idée assez complète de l’artiste.

Ce qui est agréable dans ce portrait, bien que très autocentré, c’est que l’on évite les éternelles ascensions, chutes, et rédemptions qui font en général le régal des réalisateurs du genre. Ici, paradoxalement, tout semble simple : la chanteuse aime son corps et aime sa musique. « J’ai toujours été amoureuse de mon corps » confesse-t-elle devant la caméra. Le film laisse percevoir cette relation apaisée.

Et elle rajoute : "Tu as besoin d’une explication pour apprécier mes rimes ? Tu ne peux pas réfléchir tout seul ?"

Alors laissons à chacun le soin de réfléchir et prenons le film pour ce qu’il est : le portrait réussi d’une artiste qui demande à ce qu’on la laisse vivre et s’exprimer.

L.S.