Wardi est l’histoire de la Palestine à hauteur d’enfant.

Une petite fille de onze ans, Wardi, habitante du camp de Burj El Barajneh à Beyrouth reçoit de son arrière-grand-père Sidi la clef de la maison dont il a été chassé en 1948 lors de la Nakba (La catastrophe, l’exil forcé des Palestiniens lié à la création de l’État d’Israël). Sentant que celui-ci a perdu espoir de retourner un jour chez lui, elle cherche à lui en rendre. Elle s’interroge alors sur la vie dans le camp, sa famille, ses origines, et son esprit curieux l’amène à se poser des tas de questions auxquelles son entourage, en particulier Sidi, à l’intelligence de répondre. (Car dans la vraie vie les enfants qui posent des questions n’ont pas toujours des réponses appropriées). Les dures conditions de vie, le chômage, la guerre, la mort, ne sont pas éludés. Mais les simples plaisirs de la vie non plus, ce qui fait que ce film est loin d’être manichéen.

Le réalisateur utilise plusieurs techniques pour séparer ce qui est de l’ordre du présent avec de remarquables personnages en stop motion, et des souvenirs qu’il relatera en dessins animés. Il illustre aussi son récit par les photos des personnes réelles qui l’ont inspiré.

Cet heureux mélange de techniques provoque un saisissant effet de vie, en imposant un rythme et une dynamique qui transporte le spectateur au milieu du camp et de la famille. On se surprend presque à se demander où on pourrait loger dans ces habitations construites les unes sur les autres. En effet la superficie étant strictement limitée, chaque nouveau couple pour s’installer doit construire son espace de vie au-dessus de celui de ses parents. Le camp croît donc en hauteur et on accède en haut des tours ainsi constituées par d’improbables escaliers ou échelles.

Le réalisateur Mats Grorud n’est ni Juif ni Arabe, il est Norvégien. Il a vécu en Egypte à l’âge de 12 ans et après ses études en animation a travaillé pour une ONG au Liban. C’est à cette occasion qu’il a pris les contacts qui ont été nécessaires pour écrire le scénario de ce film.

La petite histoire que nous raconte Wardi fait que, quel que soit le regard que l’on porte sur le conflit israélo-palestien, Wardi est un film à voir, justement parce que dénué des préjugés de l’Histoire.


L.S.